De l’exploitation des minerais non ferreux aux productions métalliques de la fin du Néolithique au 1er âge du Fer en Europe : formation et caractérisation des réseaux d’échange
Auteur / Autrice : | Céline Tomczyk |
Direction : | Christophe Petit, Patrice Brun |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Archéologie |
Date : | Soutenance le 18/09/2024 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Archéologie (Paris ; 1990-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Archéologies et sciences de l'Antiquité (Nanterre ; 1999-....) |
Jury : | Président / Présidente : Dominique Garcia |
Examinateurs / Examinatrices : Christophe Petit, Patrice Brun, Maryse Blet-Lemarquand, Rolande Simon-Millot | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Gilberto Artioli |
Mots clés
Résumé
Définir la provenance d’un objet est une question centrale dans l’étude des interactions entre les sociétés humaines du passé. Il est toutefois très complexe de tracer des échanges à l’échelle de l’Europe en particulier à l’âge du Bronze. Nous argumentons que la détermination de provenance d’objets métalliques doit être appuyée par une meilleure connaissance des zones de production minière et de leurs minéralisations. Peu de données étant disponibles pour les productions d’étain, de plomb-argent et d’or, notre étude porte principalement sur le cuivre. Nous avons mis en évidence un changement dans la localisation des mines entre la fin du Néolithique et la fin de l’âge du Bronze : les mines de cuivre, initialement présentes dans de nombreuses régions, ont progressivement disparu pour ne laisser subsister que quelques grandes zones de production vers 1600 av. J.-C ; les îles Britanniques, la péninsule Ibérique, les Alpes (centrales et de l’est), Chypre et le Levant (dans une zone s’étendant des côtes israéliennes au désert oriental). Une estimation de la quantité de cuivre extrait de ces zones minières montre que leur production n’est pas égale et que certaines d’entre elles produiraient en quantité beaucoup plus importante. Bien que les techniques minières et métallurgiques employées aient varié selon les contextes géologiques, elles ont été globalement toutes maîtrisées en Europe. L’absence d’exploitation minière dans certaines régions ne peut donc pas être attribuée à un manque de compétences techniques, mais plutôt à des facteurs économiques que nous nous proposons d’étudier en traçant les chemins empruntés par les productions métalliques au fil du temps. Les réseaux d’échanges par lesquels transitaient le cuivre et le plomb produits ont été étudiés à l’aide de l’isotopie du plomb. Nous avons comparé des milliers de signatures d’artefacts aux signatures des zones de production précédemment identifiées. Certaines régions manquent encore cruellement d’analyses géochimiques pour caractériser leurs minéralisations et d’autres présentent des signatures très hétérogènes. Cette dispersion des signatures complique la détermination des provenances en raison de correspondances possibles avec d’autres régions. Pour surmonter ces difficultés, les bases de données des signatures isotopiques de minerais et d’artefacts ont été soumises à des analyses statistiques multivariées. Nous avons tracé des cartes montrant les exportations de minerais par grandes périodes. Il en ressort que la majorité des grands axes d’exportation de l’âge du Bronze seraient hérités du IIIe millénaire av. J.-C. Il y aurait donc peu de changements dans les réseaux de commerce du métal, et seules de grandes crises à la fois économiques, sociales, politiques et environnementales entraîneraient des modifications des réseaux d’échanges. La question du développement de certaines exploitations, en particulier de l’étain à la défaveur des exploitations de cuivre, peut alors être discutée. Nous formulons l’hypothèse que de nouvelles ressources seraient produites du fait de la pérennisation des axes d’échanges, permettant aux populations de se spécialiser dans de nouvelles activités tout en important les ressources nécessaires à leur développement, en particulier le cuivre.