Les transitions culturelles et sociales au miroir de l'archéo-anthropologie : l'exemple de deux populations calabraises de l'Antiquité tardive au Haut Moyen-âge
Auteur / Autrice : | Charlotte Boyer |
Direction : | Pascal Sellier, Olivier de Cazanove |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie |
Date : | Soutenance le 03/05/2024 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Archéologie (Paris ; 1990-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Archéologies et sciences de l'Antiquité (Nanterre ; 1999-....) |
Jury : | Président / Présidente : Dominique Castex |
Examinateurs / Examinatrices : Pascal Sellier, Olivier de Cazanove, Gaëlle Granier, Cristina Cattaneo, Alfredo Ruga | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Estelle Herrscher |
Mots clés
Résumé
La Calabre représente un cas d'étude intéressant pour réfléchir aux changements survenus entre l'Antiquité tardive et le Haut Moyen Âge. Suite à l'effondrement du système administratif romain, cette région attire l'attention de puissances désireuses d'exploiter ses richesses et sa position stratégique en Méditerranée ; au même temps elle connait le renforcement du christianisme tant dans le domaine spirituel que temporel. Selon les documents archéologiques et historiques, ce contexte a engendré des transformations sociales et culturelles d'une certaine importance. La présente recherche vise à vérifier si et dans quelle mesure ces transformations sont également observables dans les normes socioculturelles sous-jacentes aux pratiques funéraires entre le IVe et le XIIIe siècle. Pour ce faire, elle adopte une approche archéo-anthropologique novatrice dans l'investigation archéologique en Calabre pour la période entre Antiquité tardive et Haut Moyen Âge ; elle combine les méthodes de l'archéothanatologie, de l'archéologie funéraire, de l'anthropologie biologique (en particulier de la paléodémographie) et de la biochimie. L'étude compare deux espaces funéraires localisés sur le golfe de Squillace : la Necropoli Sud, datée du IVe au Ve siècle et située dans le périmètre urbain de la colonie romaine de Scolacium, et le site de contrada Basilicata à Cropani, datant du VIe au XIIIe siècle et composé d'une église rurale avec une zone sépulcrale adjacente. Malgré les différences chronologiques et contextuelles des deux sites, les résultats de la recherche montrent des pratiques funéraires assez similaires. Dans les deux cas, nous observons des zones de forte concentration de tombes, vraisemblablement liées à l’effet polarisant d'un élément de valeur cultuelle, ainsi qu'une organisation polynucléaire de l’espace funéraire et une présence significative de sépultures collectives, suggérant un système de gestion par groupes sociaux. La mise en évidence des différences sociales se reflète dans les régimes alimentaires. Des convergences entre les enfants et les adultes se manifestent dans les modalités de dépôt des corps, les types de sépultures, ainsi que dans les profils alimentaires. Ces similitudes plaident en faveur de l’hypothèse selon laquelle les individus immatures étaient considérés comme faisant partie intégrante de la communauté. La question se pose sur les zones qui leur sont dédiées dans les espaces funéraires : s'agit-il d'un traitement privilégié offert par la communauté ou par un groupe social précis ? Les données révèlent une certaine continuité des pratiques funéraires entre les deux. La transition socioculturelle recherchée au début de l'étude semble se manifester principalement par la juxtaposition du lieu de culte et du lieu des morts, qui est évidente à Cropani et moins à la Necropoli Sud, où elle peut être absente. Il convient cependant de souligner que ce travail représente la phase préliminaire d'une recherche qui nécessite des approfondissements supplémentaires pour confirmer ou réfuter les hypothèses avancées sur la continuité des comportements socioculturels.