Inégalités de parcours éducatifs en France : le rôle des ressources et des compétences
Auteur / Autrice : | Sébastien Grobon |
Direction : | Jérôme Gautié, François-Charles Wolff |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 01/07/2024 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale d'Économie (Paris ; 2004-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'économie de la Sorbonne (Paris ; 2006-....) |
Jury : | Président / Présidente : Julien Grenet |
Examinateurs / Examinatrices : Jérôme Gautié, François-Charles Wolff, Julien Grenet, Élise Huillery, Xavier Joutard, Jean-François Giret, Wagner Sander | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Élise Huillery, Xavier Joutard |
Résumé
Cette thèse d’économie analyse les inégalités de parcours éducatifs du collège aux études supérieures, selon le milieu socio-économique des parents, notamment leur revenu, et selon le genre. Les différences de parcours sont reliées à deux facteurs explicatifs principaux : les ressources financières disponibles d’une part, et les compétences d’autre part. Il s’agit tout d’abord de quantifier les inégalités, d’établir le lien avec les différents facteurs explicatifs potentiels et d’en déduire des conséquences concernant la modélisation économique des comportements en général, et plus particulièrement le fonctionnement des politiques publiques, du système d’enseignement supérieur et de l’aide publique aux jeunes en France. Le premier chapitre quantifie les fortes inégalités d’accès à l’enseignement supérieur et aux filières sélectives en France, selon le revenu des parents. Malgré des frais d’inscription réduits et un moindre niveau d’inégalités de revenu qu’aux États-Unis, l’ampleur des inégalités d’accès s’avère similaire entre les deux pays. En France, les inégalités semblent moins liées à une barrière financière qu’à des compétences plus inégales selon le milieu socio-économique, une orientation précoce et des aspirations moins positives dans les milieux défavorisés. Ces inégalités d’accès impliquent que les dépenses publiques d’enseignement supérieur bénéficient davantage aux jeunes dont les parents sont les plus aisés. Le deuxième chapitre aborde plus en détail la question des ressources financières des étudiants boursiers en France, en étudiant la manière dont évolue l’aide financière des parents quand l’aide publique augmente. Pour un euro de plus de bourse, l’aide parentale décroît de cinquante centimes. Implicitement, le montant des bourses se trouve partagé entre les jeunes, qui voient leur situation financière s’améliorer, et les familles modestes, qui peuvent réduire le sacrifice financier servant à financer le coût des études. Malgré cette éviction, le bénéfice de l’aide publique versée aux jeunes n’est pas totalement annulé par une réduction de l’aide parentale. Le troisième chapitre étudie les durées des études, plus importantes pour les femmes en moyenne, en les reliant aux différences de compétences mesurées au collège. 45 % des différences de durée des études entre les femmes et les hommes sont corrélées aux disparités de niveaux de compétences mesurées en 6e, qu’il s’agisse de compétences académiques, cognitives ou socio-comportementales. Ces dernières, qui renvoient à des savoirs-être tels que la motivation ou la croyance en ses compétences, sont déterminantes et à l’avantage des femmes. Les meilleurs résultats des femmes dans les évaluations nationales en Français jouent également un rôle, dans une moindre mesure. Malgré un avantage en mathématiques, le désavantage des hommes pour certaines compétences socio-comportementales et en Français les conduit plus fréquemment en filière professionnelle, et limite pour certains les possibilités de poursuivre des études longues. L’ensemble de ces résultats invite à un accompagnement de nature différente selon le genre, et à un soutien financier des étudiants de milieux modestes, complété par un renforcement précoce des compétences et un soutien à l’orientation.