Google : une entreprise d'influence ? : indigénisation, normalisation et politisation d'une multinationale du numérique en France
Auteur / Autrice : | Charles Thibout |
Direction : | Antoine Vauchez |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 18/10/2024 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de science politique (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre européen de sociologie et de science politique (Paris ; 2010-....) |
Jury : | Président / Présidente : Delphine Dulong |
Examinateurs / Examinatrices : Antoine Vauchez, Delphine Dulong, Guillaume Courty, Sylvain Laurens, Nikos Smyrnaios, Anne Bellon | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Guillaume Courty, Sylvain Laurens |
Mots clés
Résumé
À quoi tient le pouvoir d’une multinationale ? Tel est le point de départ de cette thèse, qui porte sur les ancrages politiques de Google en France, de l’installation de sa filiale nationale, en 2002, jusqu’à nos jours. Alors que l’objet « entreprise » fait encore souvent figure d’impensé en science politique, cette thèse propose une socio-histoire d’une multinationale du numérique états-unienne. À travers une approche stratégique et relationnelle, elle entend faire dialoguer une littérature pluridisciplinaire sur l’influence des entreprises, l’internationalisation et les ancrages nationaux des multinationales, et sur le travail et les rôles gouvernementaux, à partir de trois concepts « intermédiaires » : indigénisation, normalisation et politisation. L’enquête articule analyses qualitatives et quantitatives : analyse prosopographique, analyse de réseaux, entretiens, exploitation d’archives de cabinets ministériels, d’archives du web, et observations participantes. Ce travail de recherche montre comment les cadres de Google France, en particulier ses représentants d’intérêts, confrontés à des mobilisations hostiles venues d’acteurs économiques et relayées dans l’espace gouvernemental, se sont progressivement adaptés au champ du pouvoir national. Mais la thèse montre également comment, en retour, Google a fait l’objet d’appropriations multiples et contradictoires par les gouvernants français, et a contribué à faire évoluer certains rôles politiques dans un sens favorable aux préférences de la multinationale. Cette contribution à la sociologie politique des multinationales permet ainsi d’éclairer les processus par lesquels une entreprise étrangère, pourtant régulièrement construite en problème pour la souveraineté de l’État, en vient à être reconnue comme un acteur de plein droit du champ économique français et à accéder au champ du pouvoir national.