L'obligation aut dedere aut judicare et la lutte contre l'impunité en Afrique
Auteur / Autrice : | Amani Ayadi |
Direction : | Jean-Marc Sorel |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Droit international public |
Date : | Soutenance le 05/07/2024 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de droit de la Sorbonne (Paris ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de recherche en droit international et européen de la Sorbonne (Paris ; 2010-....) |
Jury : | Président / Présidente : Jean Matringe |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Marc Sorel, Jean Matringe, Alain Pellet, Marina Eudes, Haykel Ben Mahfoudh | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Alain Pellet, Marina Eudes |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L’obligation aut dedere aut judicare est un mécanisme de lutte contre l’impunité fondé sur le réalisme et le pragmatisme en ce qu’elle offre à l’État sur le territoire duquel se trouve l’auteur présumé du crime le choix entre l’extradition et les poursuites et qu’elle permet ainsi de tenir compte à la fois des obstacles à l’extradition et des obstacles aux poursuites. Mais quelle est la portée de cette obligation dans la lutte contre l’impunité en Afrique ? La réponse à cette question nécessite de raisonner en termes d’applicabilité, d’effectivité et d’efficacité. L’analyse montre que l’obligation aut dedere aut judicare a une portée limitée en ce qu’elle a un champ d’application limité, que sa nature coutumière n’est pas encore établie avec certitude et que, dans la mesure où elle met principalement en cause des rapports de nature horizontale, elle demeure contrainte par des obstacles divers issus du droit international et/ou de l’ordre juridique de l’État du judex deprehenionis. Elle a également une portée limitée dans la pratique compte tenu de sa difficile mise en œuvre qui dépend de la transposition en droit interne des traités énonçant une obligation d’extrader ou de poursuivre et de la bonne volonté et de la capacité de l’État de détention. Mais l’analyse montre également que ces obstacles et difficultés ne sont pas insurmontables car le droit international, y compris le droit régional africain, offre différents moyens permettant de renforcer la mise en œuvre de l’obligation. Le recours à ces moyens et leur efficacité dépendent néanmoins de la bonne volonté des États et sont souvent tributaires du rôle actif des victimes et d’autres acteurs non-étatiques, tels que les ONG. L’analyse met également en lumière le fait que, en plus du système de coopération horizontale qu’implique originairement l’obligation aut dedere aut judicare, la troisième option – qui consiste à remettre l’accusé à une juridiction pénale internationale (la Cour pénale internationale ou une juridiction ad hoc) – constitue une garantie supplémentaire pour une répression effective des crimes internationaux. Plus généralement, l’étude démontre que l’obligation aut dedere aut judicare n’est souvent qu’un correctif, un pis-aller nécessaire face à l’impunité, dont les limites peuvent à leur tour être palliées par plusieurs autres mécanismes. En d’autres termes, face à l’impunité qui règne en Afrique, il existe une panoplie de moyens qui peuvent être utilisés à l’échelle nationale, régionale et/ou internationale et qui peuvent tantôt renforcer la mise en œuvre de l’obligation aut dedere aut judicare, tantôt remédier à son inapplicabilité au cas de l’espèce.