Thèse soutenue

État, capital, identité : désaccumulation et contraintes internationales en République centrafricaine (1960-2020)

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Auteur / Autrice : Mathilde Tarif
Direction : Gilles DorronsoroFlorence Brisset-Foucault
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 17/05/2024
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de science politique (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre européen de sociologie et de science politique (Paris ; 2010-....)
Jury : Président / Présidente : Jacobo Grajales Lopez
Examinateurs / Examinatrices : Gilles Dorronsoro, Florence Brisset-Foucault, Rozenn Nakanabo Diallo, Andrea Ceriana Mayneri
Rapporteurs / Rapporteuses : Didier Péclard, Klaus Schlichte

Résumé

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Par sa place marginale dans l’économie mondiale, la République centrafricaine (RCA) apparaît comme un cas idéal-typique permettant d’aborder les questions du fonctionnement de l’État post-colonial, de son rapport au capital privé et de la formation des groupes sociaux en lien avec des contraintes internationales. Les crises à répétition et l’incapacité de l’appareil d’État à accumuler des ressources et mettre en place des politiques publiques pour répondre aux demandes des populations indiquent un phénomène de désaccumulation visible dans d’autres contextes, sur le continent africain mais aussi au-delà. Fondée sur un travail d’archives et neuf mois d’enquête en RCA menée entre 2018 et 2022, cette thèse combine une analyse macrosociologique retraçant des contraintes structurelles à partir de sources secondaires, avec une analyse micro et mésosociologique des pratiques d’acteurs à travers plus de 250 entretiens, l’observation directe et l’étude des archives disponibles. En s’appuyant sur les acquis de la sociologie historique de l’État, cette thèse esquisse ainsi la trajectoire de l’État centrafricain depuis l’indépendance comme une succession de configurations instables entre État, capital privé et groupes sociaux, en particulier marchands. Elle montre comment des contraintes internationales reconfigurent le système de relations entre espaces bureaucratique, économique et identitaire dans le sens d’une désaccumulation et d’une propension aux crises. L’hypothèse centrale est que des dispositifs internationaux post-coloniaux et néolibéraux influent sur l’appareil d’État, notamment la structure du champ bureaucratique, les rapports de ce dernier avec les acteurs économiques et, consécutivement, les hiérarchies identitaires. En retour, on constate une fragmentation des institutions et une incapacité accrue de l’État à concentrer des ressources, préserver le capital privé et réguler les conflits sociaux. Appréhender ce processus de désaccumulation permet alors de penser les transformations du système politique et social centrafricain et de saisir les mécanismes qui ont conduit au déclenchement d’une guerre civile en 2013. Paradoxalement, le constat d’une désaccumulation étatique n’invalide pas le fait que, malgré sa « faiblesse » présumée, l’État centrafricain demeure « agissant » et détermine les possibilités d’accumulation des acteurs et les hiérarchies sociales et identitaires.