Thèse soutenue

La parole testimoniale. Analyse lexico-discursive de témoignages du Camp de Rivesaltes

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Auteur / Autrice : Nesrine Raissi
Direction : Agnès Steuckardt
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Soutenance le 22/03/2024
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Praxiling (Montpellier) - Praxiling / Praxiling
Jury : Président / Présidente : Dominique Maingueneau
Examinateurs / Examinatrices : Grégory Tuban
Rapporteurs / Rapporteuses : Chantal Wionet, Christophe Rey

Résumé

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Cette thèse étudie des témoignages de personnes internées au camp de Rivesaltes pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces témoignages ont été recueillis entre 2007 et 2014 dans le cadre d’entretiens menés par l’Equipex Matrice. À partir d’une analyse quantitative et qualitative de ce corpus, elle vise à décrire le fonctionnement de la parole testimoniale et à dégager plus spécifiquement les aspects propres aux témoignages sur ce camp d’internement.Tel qu’il s’est conçu et élaboré au cours du XXe siècle, le genre testimonial présente trois caractéristiques essentielles : le témoignage concerne un événement historique collectif, il raconte l’expérience personnelle du locuteur, il atteste la vérité de ce récit. Dans les entretiens de Rivesaltes, la parole des hommes et des femmes interrogés présente ces caractéristiques : il s’agit de républicains espagnols et de déportés juifs pris dans la violence de l’Histoire ; ils enclenchent leur récit à l’aide de verbes mémoriels, principalement se rappeler et se souvenir ; ils en attestent la vérité, en prenant soin d’en préciser les limites, notamment par la négation des verbes de souvenir et par des modalisations qui parfois modèrent leur engagement (je crois, je ne sais pas), parfois l’accentuent (je sais).Pour approcher la vérité du camp de Rivesaltes telle que la livrent les témoins, la thèse mène une analyse outillée des réseaux lexico-sémantiques du corpus. Elle révèle que les témoins se souviennent bien sûr de la douleur des séparations et de la difficulté de la vie quotidienne, mais que la famille – en particulier la mère et le père –, l’école, les apprentissages, la pratique religieuse occupent une place majeure dans leur mémoire. Ils parlent très peu du travail dans le camp : les témoignages de Rivesaltes rappellent le vécu d’internés qui, à l’époque, étaient des enfants ou de jeunes gens. En dépit de la souffrance vécue par les témoins lors de leur internement, le camp de Rivesaltes apparait dans leurs représentations plutôt comme un camp de vie qu’un camp de mort, même si la mort faisait partie de leur quotidien.