Etudes des effets des pesticides sur les populations d'oiseaux en France : Conditions individuelles, abondances et tendances des populations : comparaison de la vigne aux cultures céréalières
Auteur / Autrice : | Milena Cairo |
Direction : | Emmanuelle Porcher, Colin Fontaine, Frédéric Angelier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ecologie |
Date : | Soutenance le 31/10/2024 |
Etablissement(s) : | Paris, Muséum national d'histoire naturelle |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre des sciences de la conservation (Paris ; 2003-....) |
Jury : | Président / Présidente : Céline Pelosi |
Examinateurs / Examinatrices : Emmanuelle Porcher, Colin Fontaine, Frédéric Angelier, Adrien Rusch, Clémentine Fritsch, Christine Meynard | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Céline Pelosi, Adrien Rusch |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Agriculture et biodiversité sont intrinsèquement liées depuis près de 11 000 ans. Pourtant leur relation semble arriver aujourd'hui à un point de rupture. L'agriculture intensive est parmi les principaux responsables des dégradations environnementales et de l'érosion de la biodiversité. Face à l'utilisation des pesticides et aux changements des paysages, il est crucial d'étudier des indicateurs biologiques pour apporter des preuves de la dégradation de la qualité des milieux agricoles. Les espèces d'oiseaux et leurs réponses aux conditions de l'habitat et du paysage sont bien étudiées, et l'intensification agricole coïncide avec le déclin majeur de leurs populations, ce qui en fait de bons sujets pour distinguer les effets des pesticides des autres aspects de l'intensification agricole. Comme l'utilisation des pesticides et les paysages varient selon les cultures, en fonction de facteurs économiques, sociaux ou climatiques, ainsi que par la pression exercée par les ravageurs, il semble important d'intégrer cette variabilité à nos études. Parmi ces cultures, les vignobles occupent une place importante en termes de surface, d'impact économique et d'utilisation de pesticides, ce qui en fait un cas d'étude pertinent.Cette thèse vise à mieux comprendre les effets des pesticides sur les populations d'oiseaux. Pour cela, nous avons d'abord caractérisé l'utilisation des pesticides en France à travers deux méthodes. La première a développé un indicateur de risque (quotient de danger), afin de nous permettre d'évaluer les effets des usages et de la toxicité des pesticides sur les populations d'oiseaux. La seconde repose sur un modèle de mélange et nous a permis de caractériser les mélanges de substances en France. Cette étude montre qu'il existe moins de 20 groupes de substances utilisées en France et qu'ils sont géographiquement proches. Le quotient de danger a été par la suite mis en relation avec les abondances d'oiseaux communs sur l'ensemble du territoire français hexagonal. Nous avons testé la relation entre le quotient de danger lié à l'usage des pesticides et l'abondance locale de chacune des 95 espèces d'oiseaux nicheurs les plus communes présentes dans les zones agricoles pendant la période de reproduction. Le quotient de danger des pesticides présente une corrélation négative avec l'abondance de 62 % des espèces d'oiseaux étudiées. En parallèle, nous avons étudié les tendances des populations d'oiseaux dans 350 champs, cultivés avec trois types de culture (blé, maïs et vigne). Nous avons examiné la relation entre les tendances des populations aviaires et le quotient de danger ou le système de culture (conventionnel vs. biologique). Les abondances d'oiseaux et leurs tendances temporelles entre 2013 et 2021 varient selon les types de cultures, les systèmes agricoles et les paysages, avec des déclins dans les vignobles conventionnels mais des tendances stables ou à la hausse ailleurs. Enfin, nous avons étudié l'effet de la présence de vignobles sur les conditions des individus de deux espèces le Merle noir (Turdus merula) et la Mésange charbonnière (Parus major). Nous observons que les merles ont généralement été affectés par la présence de vignobles. Nous avons trouvé des résultats inattendus pour certaines mesures du merle et de la mésange charbonnière, qui suggéraient de meilleures conditions individuelles dans les sites de vignobles. En outre, les zones urbaines et forestières ont eu tendance à moduler les effets de la présence de vignobles. Ainsi mon travail de thèse, de la caractérisation de l'utilisation des pesticides à l'étude de leurs effets sur les oiseaux, de l'échelle de l'individu à celle de la population, représente une avancée dans la compréhension de la relation entre déclin des populations d'oiseaux et utilisation des pesticides.