Le Républicain de Juillet : anamorphoses littéraires d'un type politique (1830-1848)
| Auteur / Autrice : | Elisa Puntarello |
| Direction : | Olivier Bara, Agnese Silvestri |
| Type : | Thèse de doctorat |
| Discipline(s) : | Lettres mention Langue et littérature françaises |
| Date : | Soutenance le 11/12/2024 |
| Etablissement(s) : | Lyon 2 en cotutelle avec Università degli studi (Salerne, Italie) |
| Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....) |
| Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut d'Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités (Lyon ; 2016-....) |
| Jury : | Président / Présidente : Francesco Spandri |
| Examinateurs / Examinatrices : Paule Petitier, Paola Perazzolo | |
| Rapporteurs / Rapporteuses : Xavier Bourdenet, Jean-Claude Yon |
Mots clés
Résumé
L’étude se fonde sur l’hypothèse selon laquelle, dans le discours social et littéraire de la monarchie de Juillet (1830-1848), le républicain se voit attribuer des caractéristiques reconnaissables et récurrentes qui font de ce personnage un type et, plus précisément, un type littéraire – que nous désignons par le syntagme « Républicain de Juillet ». Pour interroger la construction sociale et littéraire du type, ainsi que les relectures et les réinterprétations dont il fait l’objet, la perspective sociocritique a été retenue, qui postule la socialité intrinsèque du texte littéraire, tout en mettant en avant la productivité symbolique de la littérature et sa manière propre de faire sens, grâce à son travail sur la langue et sur les formes.Au lendemain des Trois Glorieuses, le mouvement républicain s’affirme comme l’un des principaux courants d’opposition au régime de Louis-Philippe d’Orléans. Profitant d’une période de relative liberté d’expression qui se prolonge jusqu’aux lois de septembre 1835, les républicains exercent une intense activité de propagande qui passe surtout par la presse. Les tentatives d’insurrection, animées ou soutenues par les partisans les plus radicaux du mouvement, s’enchaînent. Les nombreux procès intentés aux républicains – insurgés ou soi disant tels, caricaturistes et directeurs de journaux – contribuent à l’exposition médiatique considérable dont ces opposants font l’objet.Le républicain est ainsi bien ancré dans l’imaginaire de la période. Des auteurs aussi divers que Balzac et Sand, Stendhal et Musset, Hugo et Nerval – pour ne citer que les noms les plus retentissants de notre corpus – peuplent leurs univers de fiction de personnages républicains. Souvent, les œuvres de l’époque ne reprennent le type que pour le soumettre à une relecture critique. Afin de saisir l’originalité de ces réinterprétations, il est indispensable de retracer l’émergence du type à la croisée de plusieurs genres discursifs et littéraires différents.Ainsi notre corpus inclut-il des pamphlets, des articles de journal, des discours politiques, des comptes rendus judiciaires et des sources iconographiques diverses. Concernant le corpus littéraire, les genres sont privilégiés qui font au personnage une place de premier plan : la physiologie, le roman, le théâtre – des pièces de circonstance aux drames de l’école romantique. Au sein de cet ensemble hétérogène – y compris en termes de légitimité littéraire –, les différents positionnements idéologiques et esthétiques des autrices et des auteurs, ainsi que les spécificités inhérentes à chaque genre sont opportunément mis en valeur.La thèse s’articule en trois parties. La première pose les prémices méthodologiques et historiques de l’analyse, et retrace l’essor d’une représentation typisée du républicain propre à l’époque de Louis-Philippe en se penchant sur les récits des Trois Glorieuses. Le Républicain de Juillet gagnant bientôt une autonomie de représentation, la deuxième partie est consacrée aux traits physiques et moraux qui assurent la cohérence du type, et sur les raisons – épistémologiques, idéologiques, pédagogiques, esthétiques – qui orientent le choix de telle ou telle caractéristique dans la construction du personnage. Mais le portrait physique et moral ne suffit pas pour définir un type littéraire ; la troisième partie de l’étude s’intéresse alors aux actions, aux paroles, aux lieux et aux relations qui distinguent le républicain, en explorant les trois rôles principaux qui lui sont attribués au sein des œuvres : le conspirateur, l’insurgé et l’orateur.Sous Louis-Philippe, la littérature contribue à forger et à modifier l’imaginaire social sur le républicain en adhérant aux – ou, à l’inverse, en s’écartant des – représentations ayant cours dans la période. Par leurs modalités d’expression propres, les textes littéraires jouent un rôle majeur dans les débats politiques, esthétiques et idéologiques qui précèdent et « préparent » la révolution de 1848.