Thèse soutenue

Étude de la concurrence entre affixation et conversion dans la formation de verbes dénominaux en anglais contemporain

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Auteur / Autrice : Chloé Debouzie
Direction : Vincent RennerAkiko Nagano
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Etudes anglophones
Date : Soutenance le 18/10/2024
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche en linguistique appliquée (Lyon)
Jury : Président / Présidente : Elise Mignot
Examinateurs / Examinatrices : Jesús Fernández-Domínguez, Denis Jamet-Coupé

Résumé

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Cette thèse étudie la concurrence observée entre deux principaux procédés morphologiques de formation de verbes dénominaux : l'affixation, c'est-à-dire l'ajout d'un préfixe ou d'un suffixe à une base (a myth > to demyth, a nanny > to nannify), et la conversion, soit le changement de catégorie lexicale de l'input sans changement formel (a myth > to myth, a nanny > to nanny). Selon le principe d'exclusion compétitive tel qu'étudié en biologie évolutionniste, deux espèces avec des niches écologiques identiques ne peuvent pas coexister dans un équilibre stable sur le long terme ; soit une espèce est plus efficace que l'autre et se reproduit plus, tandis que l'autre s'éteint, soit chaque espèce s'adapte de manière différente pour occuper une niche écologique distincte. De même qu'en biologie évolutionniste, où la concurrence se stabilise progressivement en une distribution complémentaire des différents éléments du système, en linguistique se construit au fil du temps une répartition des rôles (notamment morphologiques, phonologiques, sémantiques), où chaque procédé de morphologie constructionnelle trouve sa niche écologique (par exemple avec une différentiation sémantique pour éviter la synonymie). L'étude en synchronie permet également d'observer les situations temporaires d'équilibre avant la résolution de la concurrence en niches. Cette thèse offre une vision d'ensemble de la formation de verbes dénominaux en anglais contemporain, grâce à l'étude de verbes formés par conversion ou affixation, et notamment aux cas de doublons formels, c'est-à-dire de deux verbes formés sur le même nom de base mais avec deux procédés morphologiques différents (par exemple, to acronym et to acronymize). Les données collectées proviennent de deux sources complémentaires : 355 verbes formés par conversion et 62 verbes affixés issus d'un dictionnaire d'usage, l'Oxford English Dictionary (OED) et attestés depuis 1950, et 171 verbes suffixés (qui sont des hapax legomena dans le corpus) issus un large corpus en ligne, le Corpus Of Contemporary American English (COCA) et attestés depuis 1990. Parmi ces 588 verbes collectés, 104 verbes sont des doublons, c'est-à-dire qu'un autre verbe formé par l'autre procédé de formation verbale est attesté, antérieurement ou postérieurement, dans l'OED ou le COCA. Par exemple, le verbe to aerosol, formé par conversion, est attesté depuis 1964 dans l'OED et le verbe to aerosolize, formé par affixation sur le même nom de base, est attesté antérieurement (depuis 1944) dans le même dictionnaire ; le verbe affixé to computerize est attesté depuis 1960 dans l'OED et le verbe to computer, formé par conversion, est attesté ultérieurement dans le COCA. Les analyses morphologiques, étymologiques, phonologiques et prosodiques des noms de base, ainsi que l'analyse sémantique des verbes, permettent d'établir les différents facteurs et contraintes qui favorisent ou empêchent la conversion ou l'affixation. De plus, l'étude des doublons permet d'observer les critères qui n'influent pas, ou peu, sur le choix entre conversion et affixation. Ces analyses montrent qu'il existe une distribution complémentaire où chaque procédé morphologique de formation verbale trouve sa niche. Par exemple, l'analyse morphologique montre que les noms composés résistent à l'affixation (99% des noms composés du corpus sont convertis en verbes). Une des analyses phonologiques montre que les noms de quatre syllabes ou plus sont majoritairement affixés (68,3% des verbes affixés et aucun doublon n'est formé sur un nom de quatre syllabes ou plus). L'analyse sémantique des verbes montrent que les verbes formés par affixation sont majoritairement des verbes résultatifs, alors que la conversion est plutôt utilisée pour former des verbes d'exécution ou des verbes instrumentaux. Dans un deuxième temps, l'analyse des doublons attestés permet d'étudier les cas de concurrence sémantique en synchronie.