Thèse soutenue

De l'intime au politique : La narrativité des choix funéraires en contexte transnational et minoritaire : Etude auprès d'immigrés originaires du Maghreb et de descendants (Chalon/Saône)

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Auteur / Autrice : Valérie Cuzol
Direction : Emmanuelle Santelli
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie et anthropologie
Date : Soutenance le 14/06/2024
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Max Weber (Lyon ; Saint-Étienne ; 2011-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-Hugues Déchaux
Examinateurs / Examinatrices : Gaëlle Clavandier, Loïc Le Pape
Rapporteurs / Rapporteuses : Françoise Lestage, Constance de Gourcy

Résumé

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La thèse s’intéresse aux ritualités funéraires en contexte d’immigration. Elle questionne plus précisément ce que les choix funéraires ont à nous dire de l’expérience migratoire, et minoritaire, des appartenances, de la transmission intergénérationnelle, de la mémoire collective et du lien susceptible d’être établi entre le choix de sépulture et une expérience minoritaire disqualifiée. Elle repose sur une enquête de type ethnographique, réalisée à Chalon-sur-Saône auprès d’immigrés originaires du Maghreb et de descendants (2015-2023), renforcée par un matériau biographique conséquent (53 entretiens sur un total de 119) et la coréalisation d’un film. Elle est complétée par une étude relative aux adaptations des rites funéraires des immigrés musulmans et aux implications de la pandémie de Covid-19, menée dans la Métropole du Grand Lyon (2022), financée par le Bureau Central des Cultes et de la Laïcité (Convention de recherche n° 58/2021). Pour aborder le caractère triptyque de l’objet et concilier l’étude du rapport à la mort, la dimension transnationale et l’expérience minoritaire, la construction analytique s’est élaborée dans une triple approche, socio-anthropologique, politique et esthétique, une triple échelle d’analyse, individuelle, collective et institutionnelle, et dans une double temporalité, avant la crise sanitaire et après.Les résultats mettent en évidence que le choix de sépulture est le lieu ultime où se joue la pluralité des appartenances. De plus en plus médié par des assurances privées et les réseaux d’acteurs consulaires et professionnels, le rapatriement des défunts demeure un rite majeur, investi et réapproprié par les communautés d’appartenance (familles, culte, village, État), y compris par les descendants. La thèse remet en perspective le désenchaînement des générations (Attias-Donfut, Wolff, 2009) avancé dans les années 2000, et montre que les choix s’ancrent principalement dans des récits du « retour ». Dès lors, la variété des décisions et des projets posthumes s’arbitre dans une démarche « narrative », autrement dit, dans une mise en cohérence des évènements vécus, tout en les inscrivant dans une communauté d’expériences partagées pour donner une signification intelligible et admise par le groupe. La narrativité est comprise comme la façon de se définir, d’agencer des appartenances (les mettre en ordre, les réorganiser, les réactiver). L’analyse des registres narratifs de légitimation des rapatriements, et de leur réfutation, montre que, bien que les dynamiques familiales et les enjeux de filiation soient agissants, les choix funéraires sont tout à la fois des narrations intimes et politiques.