La modulation du plaisir musical par le partage social : perspectives issues d'études comportementales et d'hyperscanning fNIRS
Auteur / Autrice : | Federico Curzel |
Direction : | Laura Ferreri, Barbara Tillmann |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie - psychologie cognitive |
Date : | Soutenance le 24/09/2024 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Neurosciences et Cognition (NSCo) (Lyon) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire d’Étude des Mécanismes Cognitifs (Lyon) |
Jury : | Président / Présidente : Séverine Samson |
Examinateurs / Examinatrices : Sabrina Brigadoi | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Emmanuel Bigand, Hervé Platel |
Mots clés
Résumé
La musique est l’un des stimuli les plus plaisants dans la vie humaine. Le plaisir musical active le système de récompense dopaminergique du cerveau, améliorant ainsi la mémorisation de nouvelles informations et favorisant les comportements sociaux. Des études en laboratoire ont montré que le plaisir musical peut être modulé de manière invasive, par stimulation cérébrale ou interventions pharmacologiques. Les neurosciences affectives ont montré que le partage social d’une expérience émotionnelle, même sans interaction directe, peut amplifier les émotions et activer le système de la récompense. L’objectif principal de cette thèse consistait à moduler de manière écologique le plaisir musical et les processus cognitifs et prosociaux associés via le partage social d’une expérience musicale.Dans cet objectif, trois études ont été menées. Dans l'Étude 1, les participants (N = 42) qui écoutaient de la musique en groupe (groupe 1, N = 18; groupe 2, N = 23) ont rapporté un niveau de plaisir réduit par rapport à l'écoute en solitaire. Parmi les facteurs influençant l'appréciation de la musique en groupe, les plus significatifs étaient : la concentration, le sentiment de connexion avec les autres, et l'entrave potentielle des mécanismes de contagion émotionnelle due au port de masques (en période de COVID-19). L'Étude 2 consistait en trois expériences en ligne dans lesquelles les participants (N = 218) avaient l’illusion de partager (ou non) l’écoute de la musique avec d’autres, représentés par des épingles sur une carte de leur pays (France, États-Unis). Les résultats ont montré que le partage social augmentait le plaisir des participants, cet effet étant modulé par la taille du groupe : plus il y avait d’individus connectés simultanément, plus le plaisir rapporté était élevé. De plus, l’augmentation du plaisir améliorait les comportements prosociaux et les performances mnésiques. . L’Étude 3 a investigué l’activité du cortex préfrontal (PFC) liée à ce phénomène de manière noninvasive en utilisant la spectroscopie fonctionnelle du proche infrarouge (fNIRS) dans un cadre d'hyperscanning (i.e. l’observation simultanée de plusieurs cerveaux). Des dyades (N = 34) d’amis écoutaient soit leur musique préférée, soit une musique sélectionnée par l’expérimentateur, ensemble (condition duo) ou seuls (condition solo). L’hyperscanning a permis de mesurer les activations cérébrales fonctionnelles individuelles ainsi que la synchronie neuronale interpersonnelle (INS). Les résultats comportementaux ont montré que le plaisir rapporté différait significativement entre les conditions sociales, avec une légère augmentation du plaisir pour les chansons préférées de l’ami dans la condition duo. Les résultats ont aussi révélé une corrélation intra-dyade des évaluations continues du plaisir durant l'écoute musicale, appelée ‘cohérence du plaisir’, plus marquée dans la condition duo que dans la condition solo. Sur le plan neuronal, le plaisir élevé activait le PFC dorsolatéral dans les deux conditions, mais augmentait l’activité de la totalité du PFC uniquement dans la condition duo. . L’INS était plus élevée dans la condition duo, et était positivement prédite par la cohérence du plaisir dans l’ensemble du PFC uniquement pendant cette condition.