Risques Naturels et Politiques Publiques Locales
Auteur / Autrice : | Carla Morvan |
Direction : | Sonia Paty, Frédéric Jouneau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 20/06/2024 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences économiques et de gestion (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Groupe d'analyse et de théorie économique Lyon - St-Etienne (Lyon ; 1997-....) |
Jury : | Président / Présidente : Lionel Ragot |
Examinateurs / Examinatrices : Sophie Legras | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Jérôme Héricourt, Raphaël Soubeyran |
Mots clés
Résumé
Les gouvernements locaux sont affectés par les catastrophes naturelles. De plus, les municipalités sont le niveau de gouvernement le plus proche des citoyens et donc le mieux placé pour répondre en cas de crise. Cette thèse a pour objectif d'éclairer la question de l'influence des catastrophes naturelles sur les choix de politique publique locale. A la fois les choix budgétaires, les décisions en termes de prévention des risques et leurs conséquences électorales. Le premier chapitre examine l'impact des catastrophes naturelles sur les budgets des municipalités en France. Pour ce faire, j'utilise deux méthodologies dynamiques afin estimer comment les gouvernements locaux réagissent aux événements catastrophiques majeurs. La première méthode est une approche de différences en différences à plusieurs périodes. Cependant, bien que cette méthodologie prenne en compte l'effet échelonné du traitement, elle analyse les comptes individuellement et peut négliger l'endogénéité entre les comptes municipaux. Pour résoudre ce problème, j'utilise un modèle de panel à vecteurs autorégressifs. Je constate que les dépenses, les recettes et les subventions municipales augmentent de manière significative immédiatement après une catastrophe naturelle, cet effet semble persister pendant 2 à 6 ans après le choc. On remarque enfin, une augmentation des recettes fiscales après 5 ans, ce qui indique que le gouvernement central ne fournit pas une compensation complète pour les dommages causés par les catastrophes, amenant les municipalités à augmenter les impôts.Le deuxième chapitre cherche à comprendre les liens dynamiques entre les comptes budgétaires locaux après une catastrophe naturelle. Nous construisons et calibrons un modèle représentant une municipalité qui pourrait être affectée par une catastrophe naturelle, entraînant la destruction d'une partie de son stock de capital. La municipalité, agissant en tant que décideur bienveillant, cherche à maximiser le bien-être de ses citoyens en fonction de la quantité de biens et de services publics. La production de biens publics utilise le stock de capital, qui augmente grâce à l'investissement, et le niveau de dépenses courantes. Le financement des dépenses courantes, des investissements et des dépenses financières est réalisé par le biais des impôts, des subventions et éventuellement de l'accumulation de dettes. Le dernier chapitre examine les politiques de prévention contre les catastrophes naturelles. Cette troisième partie analyse, d'une part, l'efficacité des politiques de prévention pour limiter l'impact des catastrophes naturelles sur les budgets municipaux. D'autre part, elle estime l'influence de la survenue des catastrophes naturelles et de la mise en œuvre des politiques de prévention sur les résultats électoraux municipaux. En utilisant une méthodologie de différences en différences échelonnées et une approche de triple différence, nous constatons que l'effet des catastrophes naturelles sur les budgets municipaux est significativement atténué lorsque des politiques de prévention des risques naturels sont mises en œuvre au niveau municipal. En revanche, les municipalités sans plan de prévention préexistant avant un choc subissent des effets importants sur leurs comptes budgétaires. Nous observons que, bien que les politiques de prévention puissent atténuer efficacement les dommages causés par les chocs naturels, la mise en œuvre de telles politiques a un effet négatif sur la probabilité de réélection d'un maire. Pour analyser l'effet des catastrophes naturelles et des politiques de prévention sur les probabilités de réélection, nous utilisons un modèle de Heckman afin de considérer le biais de sélection résultant des décisions individuelles des maires de se représenter aux élections. Nos résultats indiquent que (i) la survenue de catastrophes naturelles affecte négativement les probabilités de réélection, et (ii) les citoyens désapprouvent les plans de prévention.