Thèse soutenue

L’addiction aux écrans et les comorbidités anxieuses et dépressives associées chez les adolescents

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Auteur / Autrice : Sandrine Charnier
Direction : Martine BattJoëlle Lebreuilly
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 13/12/2024
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale SLTC - Sociétés, Langages, Temps, Connaissances (Nancy ; 2013-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Interpsy-ETIC (Metz ; 2009-...)
Jury : Président / Présidente : Amine Benyamina
Examinateurs / Examinatrices : Martine Batt, Joëlle Lebreuilly, Stéphane Rusinek, Marie Grall-Bronnec, Stéphanie Bourion
Rapporteurs / Rapporteuses : Stéphane Rusinek, Marie Grall-Bronnec

Résumé

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Objectif : L'objectif de cette étude est d'explorer les liens entre l'addiction aux écrans, notamment l'addiction à Internet (IA) et le trouble du jeu en ligne (IGD), et la comorbidité anxieuse et dépressive chez des adolescents français.Méthode : Notre étude est composée de deux parties. Dans une première partie, nous avons étudié le profil de 214 adolescents (88 garçons, 126 filles, 10-13ans, m=11.5, Sd=0.58). Puis, dans une seconde partie, nous avons suivis 36 adolescents de ce groupe pendant deux ans (11 garçons, 25 filles, T1 : 11-13ans, m=11.58, Sd=0.60 ; T2 : 12-14ans, m=13, Sd=0.478 ; T3 : 13-15ans, m=13.55, Sd=0.65). Les symptomatologies anxieuses et dépressives ont été évaluées à l'aide des questionnaires suivants : Le Revised Child Anxiety and Depression Scale (RCADS ; Chorpita, 2000) et Le Children Depression Inventory (CDI ; Kovacs, 1981) et Le Children Depression Inventory (CDI ; Kovacs, 1981). L'addiction aux écrans a été évaluée avec trois questionnaires : l'Internet Addiction Test (IAT ; Young, 1998), le Problem Video Game Playing (PVP ; Tejeiro & Morán, 2002) et La Game Addiction Scale (GAS ; Lemmens, Valkenburg et Peter, 2009). Un dernier questionnaire permettant de recueillir des données personnelles leur a aussi été donné. La première évaluation s'est déroulée en juin 2019. L'étude longitudinale comprend deux passations supplémentaires (décembre 2020 et juin 2021).Résultats : Dans l'étude transversale, 6.5% des adolescents présentent une IA et 11.2% à 14% d'entre eux, un IGD. Les corrélations ont montré que la dépression et l'anxiété entretenaient un lien significatif avec l'IA et l'IGD. La régression linéaire multiple fait ressortir que la dépression est en partie le facteur qui explique le mieux les résultats aux différentes échelles d'IA et d'IGD. L'étude longitudinale conforte la première analyse. Tout d'abord, les résultats montrent une stabilité dans le temps de la prévalence de l'IA et l'IGD ainsi que de la symptomatologie anxieuse et dépressive. L'analyse de variance à mesure répétées fait ressortir les résultats suivants : le genre n'apparait pas comme un facteur prédicteur de l'addiction aux écrans ; la dépression est prédictrice de l'IA et inversément ; la dépression est également prédictrice de l'IGD mais pas l'inverse ; et enfin, l'anxiété apparait comme un facteur prédicteur de la dépression, mais uniquement dans un second temps.Conclusion : Nos résultats positionne les affects dépressifs au centre de la problématique de l'addiction des écrans : ils apparaissent être le facteur prédicteur essentiel de l'IA et de l'IGD. En effet, l'adolescence est une période de transition durant laquelle vont se produire des bouleversements physiologiques, physiques, environnementaux ainsi que des remaniements psychiques importants permettant d'accéder à une construction identitaire. Ce temps peut être source d'angoisse et de souffrance. L'usage des écrans peut alors permettre de fuir une certaine réalité et être utilisé comme une stratégie de coping face à ces émotions. Ce constat pose l'importance du repérage précoce de la dépression et de sa prise en charge ainsi que du questionnement nécessaire de l'existence d'une pathologie dépressive devant la présence d'une IA ou d'un IGD. Des études longitudinales sont indispensables pour conforter ce lien.