Thèse soutenue

Psychiatrie, technologies, droit : entre soins et sécurités ?

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Auteur / Autrice : Léa Lepoix
Direction : Bruno Py
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Droit privé et sciences criminelles
Date : Soutenance le 23/10/2024
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale SJPEG - Sciences Juridiques, Politiques, Economiques et de Gestion (Lorraine)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut François Gény (Nancy - Metz)
Jury : Président / Présidente : Lina Williatte-Pellitteri
Examinateurs / Examinatrices : Bruno Py, Patrick Mistretta, Sophie Théron, Jean-Philippe Vauthier, Bernard Kabuth
Rapporteurs / Rapporteuses : Patrick Mistretta, Sophie Théron

Résumé

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L'utilisation de plus en plus fréquente des nouvelles technologies dans les soins de santé mentale interroge. En effet, les usagers de la psychiatrie sont un public particulier. Ceux-ci se distinguent des autres usagers tant au regard de la singularité des pathologies psychiques qu'au regard du besoin accru au service de santé. Grâce aux soins à distance, l'accès aux professionnels de santé est facilité, rapide et moins onéreux. L'apparition et la réglementation des soins numérisés peut être perçu comme une révolution pour les droits des patients : les droits acquis par la loi du 4 mars 2002 sont conservés tout en bénéficiant de nouvelles opportunités : les barrières temporelles et spatiales d'accès aux professionnels de santé s'effacent et le choix des praticiens devient presque illimité. Les soins à distance sont donc, dans un premier temps, bénéfiques pour les usagers de la psychiatrie. Du côté de l'État, les soins à distance sont également bienvenus : ils permettent en effet, une économie financière importante. De même, la technologie permet également de faciliter les soins en permettant l'établissement de dossiers patients informatisés, et ainsi assurer une gestion centralisée des données de santé. Cependant, l'accès aux soins n'est qu'une facette de l'utilisation des nouvelles technologies en psychiatrie : la psychiatrie n'est pas seulement une discipline médicale. La psychiatrie est également un instrument de gestion sociale. Elle permet d'écarter de la société les personnes présentant un danger en raison de leur pathologie. De ce fait, le psychiatre est un véritable gestionnaire : outre ses fonctions thérapeutiques, celui-ci doit trier ses patients. Les usagers dont le diagnostic révèle des troubles importants de l'esprit sont étiquetés comme dangereux. Le psychiatre, garant de la sécurité est tenu de repérer les individus faisant courir un risque, et justifier leur mise à l'écart de la société. Or, la dangerosité est multiple : celle-ci peut être psychiatrique mais aussi criminologique. Cette mission ne pèse pas uniquement sur le psychiatre. Les juges disposent également, du droit d'exclure les individus de la société. Afin de repérer au mieux quels individus peuvent potentiellement se révéler dangereux, ils disposent de fichiers interconnectés : justice et santé peuvent ainsi s'échanger les informations et faire peser une surveillance accrue sur les individus jugés anormaux, dont le profil est lié. Si les personnes porteuses de troubles psychiques ont une capacité criminogène moins élevée que la population générale, ceux-ci sont plus susceptibles d'être auteurs de petite délinquance acquisitive notamment en cas de prise d'alcool ou de drogue. De ce fait, les personnes malades sont sur-représentées en détention. Afin de limiter d'enfermer matériellement un trop grand nombre de personnes, la technologie apporte ici aussi des solutions. L'enfermement à distance est désormais possible. Dans cette situation, l'utilisation des nouvelles technologies, s'avère délétère pour les patients.