Thèse soutenue

La Guerre Froide vue par Hollywood : Berlin au prisme des rapports sociaux de genre (1945-1961)

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Manon Küffer
Direction : André Kaenel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues, Littératures et Civilisations
Date : Soutenance le 12/12/2024
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités Nouvelles - Fernand Braudel (Nancy ; 2013-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Equipe d'accueil IDEA (Nancy)
Jury : Président / Présidente : Serge Chauvin
Examinateurs / Examinatrices : André Kaenel, Bernard Genton, Lori Maguire, Birte Wassenberg, Cristelle Maury
Rapporteur / Rapporteuse : Bernard Genton, Lori Maguire

Résumé

FR  |  
EN

Cette thèse se concentre sur une poignée de films hollywoodiens se situant à Berlin (les Berlin- Films) au début de la Guerre froide, plus exactement de la fin de la Seconde Guerre mondiale (1945) à la construction du Mur de Berlin (1961). D'un point de vue théorique, cette thèse se concentre sur la vision que ces films nous offrent de la Guerre froide, une période de tensions et de conflits idéologiques et politiques entre les États Unis et l'URSS (et leurs alliés respectifs). Ici, la Guerre froide sera étudiée au prisme notamment des gender studies et plus précisément des rapports sociaux de genre au sein de la ville de Berlin, symbole de la défaite de l'Allemagne nazie, mais aussi d'une future Allemagne dénazifiée, démilitarisée, décentralisée, désindustrialisée, et démocratique (comme préconisé lors de la conférence de Potsdam, 1945). La ville de Berlin est aussi perçue comme largement féminisée et sous l'égide américaine. En d'autres termes, elle se propose d'analyser la sensibilité du cinéma hollywoodien (mais aussi ouest- et est- allemands) aux bouleversements induits dans le champ des rapports sociaux de genre et familiaux par la Guerre froide, et plus généralement par des facteurs externes (production, distribution, réception, considérations commerciales, diplomatiques et historiques). Bien que revêtant un caractère documentaire indéniable pour les spectateurs américains de l'époque (à qui ces films étaient principalement adressés) en ce qui concerne la défaite de l'Allemagne, la réception des Berlin-Films, tant par la presse que par les spectateurs, est partagée entre un désir de réalisme et une volonté de fuir le quotidien. De nombreux critiques ont souvent pointé du doigt le fait que les films constituant notre corpus réduisaient les relations internationales États Unis/Allemagne à une somme d'invariants ou à un ensemble de stéréotypes. Transformant un conflit politique en un conflit romantique, le couple GI/Fräulein deviendrait alors une allégorie des relations internationales. Or, repenser la victoire des États Unis (ou la défaite de l'Allemagne) au prisme des rapports de genre nous permet de réfléchir au traditionnel antagonisme stéréotypé vainqueur/vaincu, mais aussi à ses évolutions étudiées par des historiens tels que Michaela Hoenicke Moore ou Brian Etheridge. Ces histoires d'amour tournées à l'étranger, dans une quête perpétuelle de réalisme, participeraient ainsi à la réorientation d'un récit centré sur la Seconde Guerre mondiale et le nazisme à un récit centré sur la Guerre froide et le communisme. Elles deviendraient une illustration de la transformation idéologique du rapport américain à leurs anciens adversaires (d'ennemis à alliés), transformation qui, dans les Berlin-Films, serait permise par des personnages aux identités abîmées, fluctuantes et instables, en particulier chez les personnages féminins.