Exploration des facteurs extrinsèques et biologiques qui déterminent la compétence vectorielle d'Aedes albopictus : Évaluation du rôle de Wolbachia dans le maintien de l'homéostasie intestinale
Auteur / Autrice : | Tatiana Barbar |
Direction : | Patrick Mavingui, Zakaria Kambris, Dani Osman |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie des organismes |
Date : | Soutenance le 13/05/2024 |
Etablissement(s) : | La Réunion |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences, Technologies et Santé (Saint-Denis, La Réunion ; 2010-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Processus infectieux en milieu insulaire tropical (Saint-Denis, Réunion) - Processus Infectieux en Milieu Insulaire Tropical / PIMIT |
Jury : | Président / Présidente : Catherine Cêtre-Sossah |
Examinateurs / Examinatrices : Catherine Cêtre-Sossah, Isabelle Morlais, Mathilde Gendrin | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Isabelle Morlais, Mathilde Gendrin |
Résumé
Les arbovirus (virus transmis par les arthropodes), en particulier ceux appartenant au genre des Flavivirus, tels que le virus de la Dengue, le virus Zika, le virus de l'Encéphalite Japonaise, et d'autres, représentent une menace importante pour la santé publique. Ces maladies infectieuses émergentes mettent des millions de personnes en danger d'infection, causant des milliers de décès dans le monde chaque année. Les régions tropicales et subtropicales sont particulièrement vulnérables à ces virus en raison d'une combinaison de plusieurs facteurs, notamment un climat humide propice, une riche biodiversité naturelle, des sites de reproduction abondants, une urbanisation rapide, une mondialisation accrue, ainsi que des ressources limitées pour le contrôle des vecteurs. La Dengue est considérée comme l'une des maladies fébriles tropicales les plus rapides et dangereuses transmises à l'homme par les moustiques. En raison de sa prévalence généralisée et de ses taux élevés de morbidité et de mortalité, elle est identifiée comme la principale cause de fièvre après le paludisme. L'île de La Réunion, un département français situé au sud-ouest de l'océan Indien, a été fortement impactée par l'émergence et la réémergence d'épidémies de Dengue depuis 1977. Depuis lors, il s'agit d'un problème de santé majeur, ayant causé des milliers d'infections et des centaines de décès. Ces épidémies ont été déclenchées par le moustique vecteur principal sur l'île, Aedes albopictus, l'une des espèces de moustiques les plus invasives. Sur la base de facteurs environnementaux et biologiques spécifiques, les populations de moustiques à La Réunion ont développé une susceptibilité à l'infection par les quatre sérotypes du virus de la Dengue (DENV), contribuant à une efficacité élevée de transmission et créant une interaction complexe entre les facteurs environnementaux et biologique. Ainsi, comprendre la compétence biologique d'Aedes albopictus vis-à-vis des sérotypes de DENV circulant localement est crucial pour élaborer des stratégies efficaces de lutte contre la transmission de la Dengue à La Réunion. À ce jour, aucun traitement médicalement confirmé n'a été établi pour le virus de la Dengue. Ainsi, le contrôle des vecteurs, en limitant la densité des moustiques vecteurs, est la méthode la plus utilisée pour rompre la chaîne de transmission. Une stratégie de contrôle biologique mise en avant est l'utilisation de la bactérie Wolbachia. Naturellement présente chez de nombreux insectes, notamment chez Aedes albopictus, elle est l'un des facteurs intrinsèques biologiques qui pourraient affecter la compétence vectorielle vis-à-vis de DENV. Différentes études ont montré que cette dernière peut limiter l'infection par DENV chez les moustiques Aedes en manipulant plusieurs traits physiologiques.Ma thèse vise à caractériser la génétique et la phylogénie du DENV-1 circulant à La Réunion lors de la dernière épidémie et à explorer les facteurs extrinsèques et intrinsèques influençant la compétence d'Aedes albopictus vis-à-vis des sérotypes DENV-1 et DENV-2 qui ont émergé. Une part importante de la recherche est consacrée à l'exploration de la relation symbiotique entre Aedes albopictus et la bactérie Wolbachia, en mettant l'accent sur son influence sur l'équilibre intestinal tant après l'ingestion d'un repas sanguin que du virus de la Dengue.