Thèse soutenue

Les médias de masse et le droit des conflits armés : concept et pratique du mutisme juridique

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Omar Kamel
Direction : Jean D'Aspremont
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Droit
Date : Soutenance le 19/12/2024
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques
Ecole(s) doctorale(s) : École de la recherche de Sciences Po (Paris ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : École de droit de Sciences Po (Paris)
Jury : Président / Présidente : Bertrand Badie
Examinateurs / Examinatrices : Jean D'Aspremont, Kevin Jon Heller, Jayne C. Huckerby, Horatia Muir Watt, Mohsen Al Attar
Rapporteurs / Rapporteuses : Kevin Jon Heller, Jayne C. Huckerby

Résumé

FR  |  
EN

Cette thèse présente le concept du « mutisme juridique » (legal muting) - un ensemble de pratiques discursives qui atténuent ou subvertissent les considérations juridiques dans la couverture médiatique des conflits armés. À travers une analyse quantitative et qualitative de trois conflits (Irak 2003, Ukraine 2022 et Gaza 2023), cette étude démontre comment les médias emploient des techniques discursives qui façonnent la compréhension publique du droit international. S'appuyant sur l'affirmation de James Lorimer selon laquelle « la force contraignante du droit international dépend du sentiment public et de l'opinion publique, tels qu'articulés par la presse », cette recherche examine le rôle des médias comme principaux interprètes des normes juridiques internationales. En l'absence de canaux institutionnalisés pour la diffusion du droit international, les médias comblent un « vide communicatif », façonnant la compréhension publique des enjeux juridiques. Le mutisme juridique se manifeste alors dans leurs représentations des conflits par deux mécanismes principaux : la minimisation, et la focalisation variable. L'analyse révèle que le mutisme juridique est un processus qui perdure à travers les trois conflits malgré l'évolution du paysage médiatique, bien que ses manifestations varient. Les implications sont profondes pour les praticiens du droit, dont les communications publiques subissent une transformation continue, et pour les chercheurs, confrontés à une nouvelle source de production de connaissances juridiques. Cette étude rappelle aussi que la force contraignante du droit international dépend en partie de sa capacité à être compris et légitimé par le public qu'il sert.