Thèse soutenue

L'écologie politique face à l'effondrement systémique : enquête sur la collapsologie et ses interprétations politiques

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Anne Rumin
Direction : Gil Delannoi
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique, mention Théorie politique
Date : Soutenance le 29/11/2024
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques
Ecole(s) doctorale(s) : Institut d'études politiques (Paris). École doctorale
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches politiques de Sciences Po (Paris)
Jury : Président / Présidente : Virginie Tournay
Examinateurs / Examinatrices : Gil Delannoi, Antoine Chollet, Sylvie Ollitrault, Luc Semal, Elsa Richard
Rapporteurs / Rapporteuses : Antoine Chollet, Sylvie Ollitrault

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

La « collapsologie », qui se veut une science de l’effondrement systémique, est un néologisme créé en 2015 par Pablo Servigne et Raphaël Stevens dans leur ouvrage Comment tout peut s’effondrer : Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes. Les bouleversements environnementaux et climatiques, entraînant guerres, famines et pandémies, devraient selon eux mener la « civilisation thermo-industrielle » à disparaître dans un futur proche. Si les théories de l’effondrement préexistent largement à la seule collapsologie, celle-ci a pour particularité d’en vulgariser efficacement le contenu pour s’adresser à un large public. La collapsologie rencontre alors un succès médiatique certain, avant de se heurter à une entreprise de disqualification académique et militante qui en souligne les insuffisances, notamment sur le plan politique. En agitant le spectre effrayant de l’effondrement, la collapsologie exercerait une emprise sur des publics sidérés, tout en annihilant l’ambition idéologique de l’écologie politique, confrontée au développement soudain de sa branche catastrophiste la plus controversée. Dès lors, la collapsologie réduit-elle le projet démocratique de l’écologie politique à une seule recherche de survie ? À partir d’une enquête empirique menée dès 2019 au sein de différents milieux effondristes, la thèse décrit plutôt l’émergence d’une nouvelle génération d’écologistes, certes marqués par la collapsologie mais exerçant pleinement leurs capacités interprétatives et agentivité. Les spécificités de cette politisation effondriste questionnent pourtant bien la cohérence idéologique de l’écologie politique, en en révélant plusieurs tensions théoriques et stratégiques, portant par exemple sur le rapport au temps ou à la science. Ce faisant, la thèse propose une lecture singulière de la collapsologie : en convoquant le politique depuis le prisme de la catastrophe, le discours sur l’effondrement systémique pourrait mener l’écologie politique à faire face à ses ambiguïtés, pour recomposer et réaffirmer son projet démocratique.