L'orogenèse alpine et l'évolution de la flore alpine européenne
Auteur / Autrice : | Lara Misty Wootton |
Direction : | Sébastien Lavergne |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biodiversité écologie environnement |
Date : | Soutenance le 21/10/2024 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale chimie et science du vivant (Grenoble ; 199.-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire d'écologie alpine (Grenoble, Isère, France ; Le-Bourget-du-Lac, Savoie, France ; 1995-....) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Gabriel Valay |
Examinateurs / Examinatrices : Andréa Sanchez Meseguer, Florian Boucher | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Florian Jabbour, Yamama Naciri |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Les montagnes sont des systèmes dynamiques. Leur orogenèse et son interaction avec le climat contribuent largement aux modèles mondiaux et régionaux de biodiversité, et les montagnes elles-mêmes sont disproportionnellement riches en espèces par rapport à leur superficie. L'assemblage de la biodiversité des montagnes est affecté par une série complexe de facteurs abiotiques et biotiques, qui peuvent varier considérablement sur de nombreuses échelles spatiales et temporelles différentes. Ici, je reconstruis l'assemblage évolutif de la flore diversifiée des Alpes européennes à l'aide d'une phylogénie datée de 5 231 espèces, qui comprend la majorité des espèces végétales alpines. Je trouve remarquablement peu de grands événements de diversification in situ. Une grande partie de la flore s'est plutôt constituée par colonisation et accumulation de lignées pauvres en espèces. L'âge généralement jeune des lignées alpines suggère que leur assemblage a été découplé d'événements géoclimatiques anciens, tels que le soulèvement initial de la surface des Alpes européennes. Au contraire, l'accumulation des lignées s'est accélérée tout au long du plio-pléistocène, ce qui implique que leur assemblage a été déclenché, plutôt qu'entravé, par les cycles glaciaires du pléistocène. En analysant les géométries des aires de répartition et les préférences en matière d'habitat des paires d'espèces sœurs, je montre qu'il n'existe pas de mécanisme dominant unique pour la spéciation des plantes alpines. Les barrières topographiques et glaciaires, la polyploïdisation et les processus adaptatifs ont tous une influence sur la biodiversité des montagnes. Ces résultats attirent l'attention sur la grande diversité des processus de spéciation dans les régions à forte complexité topographique et historique. Les cycles glaciaires du Pléistocène ont limité la répartition de nombreuses espèces végétales alpines à des nunatak ou à des refuges périphériques. Après le retrait des glaciers, la plupart des espèces ont étendu leur aire de répartition pour suivre l'évolution des conditions environnementales. L'hypothèse a été émise que ce processus est toujours en cours, conduisant à un remplissage incomplet de l'aire de répartition. Il est intéressant de noter que je ne trouve que des preuves limitées de schémas de recolonisation post-glaciaire dans la distribution de la flore alpine. Je soutiens donc que la recolonisation post-glaciaire des Alpes européennes est largement achevée et que la distribution spatiale de la flore existante est principalement déterminée par les variables climatiques contemporaines. Dans l'ensemble, mes résultats soulignent l'utilité d'utiliser un échantillonnage à l'échelle de la flore plutôt qu'un échantillonnage spécifique à une lignée pour découvrir de nouvelles informations sur l'évolution de la biodiversité des montagnes, et mettent l'accent sur l'interaction complexe des facteurs géo-climatiques dans la formation des flores alpines.