Cibler le splicéosome : une nouvelle stratégie thérapeutique pour contrecarrer la résistance thérapeutique dans les cancers du poumon ?
Auteur / Autrice : | Amani Shreim |
Direction : | Béatrice Eymin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie du développement oncogenèse |
Date : | Soutenance le 27/09/2024 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale chimie et science du vivant (Grenoble ; 199.-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut pour l'avancée des biosciences (Grenoble, Isère, France ; 2016-....) |
Jury : | Président / Présidente : Emmanuelle Planus |
Examinateurs / Examinatrices : Antonio Maraver, Martin Dutertre | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Eric Allemand, Cyril Ribeyre |
Résumé
Le cancer du poumon est un problème de santé publique majeur et la première cause de décès par cancer dans le monde. Chez les patients porteurs de carcinomes pulmonaires non à petites cellules (CBnPC), la chimiothérapie à base de sels de platine demeure l’une des pierres angulaires du traitement. Même chez les 30% de patients répondeurs, une résistance survient en quelques mois, rendant impérative la recherche d'alternatives thérapeutiques. L’épissage des ARNs participe au contrôle de l’expression des gènes et à la diversité protéique et met en jeu une machinerie multi-protéique, connue sous le nom de splicéosome. Cette dernière décennie, une dérégulation massive de l’expression de certains composants du splicéosome a été observée dans les cancers, conduisant au développement d’inhibiteurs pharmacologiques le ciblant, tels que le SPHINX31 qui inhibe SRPK1, une kinase impliquée dans la régulation de l'épissage par la phosphorylation de divers facteurs d’épissage riches en sérine/arginine (SR). Bien qu’apparaissant comme des médicaments anticancéreux prometteurs, leurs effets sur les cellules cancéreuses demeurent largement méconnus. Dans cette étude, nous montrons que le SPHINX31 inhibe la voie de signalisation ATR, la principale voie impliquée dans la gestion du stress réplicatif, notamment dans des cellules de CBnPCs présentant une résistance acquise aux sels de platine. Cela conduit à une inhibition de la croissance cellulaire, à une augmentation de l'instabilité génomique et à la mort cellulaire. Au niveau moléculaire, nous montrons que SRPK1, la cible du SPHINX31, est recrutée au niveau des fourches de réplication bloquées en cas de stress réplicatif, qu'elle co-immunoprécipite avec le complexe ATR/ATRIP/TOPBP1, et qu'elle est nécessaire au recrutement de TOPBP1/ATRIP à la chromatine et à la formation de foyers nucléaires de TOPBP1. Ces effets de SRPK1 pourraient participer à l’activation complète d’ATR. Nous montrons aussi que SRPK1 interagit directement avec TOPBP1 et que les domaines BRCT-7 et -8 de TOPBP1 sont nécessaires pour cette interaction. Parallèlement, des données de RNA-Seq nous ont permis de montrer que le SPHINX31 et la kinase SRPK1 régulent l'épissage de WIZ, en faveur de variants d'épissage impliqués dans l'activation d'ATR, identifiant ainsi des fonctions dépendantes et indépendantes de l'épissage de SRPK1 par lesquelles cette protéine contrôle la voie de signalisation ATR. Enfin, nos résultats montrent que les effets cytotoxiques du SPHINX31 sont atténués par l'activation de la kinase DNA-PKcs, une voie de secours activée en réponse à l’inhibition d’ATR, et identifient un effet cytotoxique synergique de la combinaison du SPHINX31 avec un inhibiteur de DNA-PKcs in vitro. Dans l’ensemble, ces résultats identifient un nouveau rôle biologique de la kinase SRPK1 dans la gestion du stress réplicatif de l'ADN et le contrôle de la stabilité génomique des cellules cancéreuses pulmonaires. Ils suggèrent aussi fortement que l'utilisation d'inhibiteurs de SRPK1 en combinaison avec des inhibiteurs de DNA-PKcs pourrait induire la mort de cellules tumorales résistantes aux sels de platine dans le cancer du poumon.