Contribution de la calotte Antarctique au niveau des mers du 19ème au 21ème siècle et liens avec le forçage anthropique
Auteur / Autrice : | Justine Caillet |
Direction : | Nicolas Jourdain |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de la Terre et de l’Environnement |
Date : | Soutenance le 05/07/2024 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de la terre, de l’environnement et des planètes (Grenoble, Isère, France ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut des géosciences de l'environnement (Grenoble, Isère, France ; 2017-....) |
Jury : | Président / Présidente : Olivier Gagliardini |
Examinateurs / Examinatrices : Julie Deshayes | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Sophie Nowicki, Jean-Baptiste Sallée |
Mots clés
Résumé
Bien qu’historiquement inattendu, la calotte Antarctique contribue à l’élévation du niveau des mers depuis plusieurs décennies. Les satellites révèlent que la calotte perd de la masse via la fonte massive induite par l’océan au droit des terminaisons flottantes de ses glaciers, notamment dans les secteurs d’Amundsen et d’Aurora. Le rôle du forçage anthropique dans cette fonte reste néanmoins largement méconnu en raison de la variabilité naturelle, très présente dans la région, et de la durée d’observations relativement restreinte.L’intrusion des eaux profondes circumpolaires relativement chaudes aux abords de la calotte en mer d’Amundsen est avérée depuis le début des relevés en 1994 et l’étude des sédiments suggère que plusieurs glaciers ont subi un retrait de leur ligne d’échouage depuis les années 40. Néanmoins, ces données ne permettent pas d’arbitrer si les conditions pré-industrielles sont compatibles avec des conditions océaniques froides ou chaudes en mer d’Amundsen ou si cette dernière a basculé dans un état chaud tardivement en raison des changements induits par le forçage anthropique. A l’aide d’un ensemble de simulations océaniques du secteur d’Amundsen avec différentes perturbations idéalisées des flux atmosphériques, nous montrons que les conditions pré-industrielles peuvent être associées, au moins de manière intermittente, avec des conditions froides en mer d’Amundsen et de faibles taux de fonte. A l’échelle multi-décennale, les transitions entre deux états résultent principalement des changements des flux de flottabilité en surface qui affectent la stratification thermohaline en modulant la production nette de glace de mer.Pour autant, si ces premiers résultats sont compatibles avec la thèse d’une influence anthropique, ils ne permettent pas d’écarter la thèse de l’influence de la variabilité interne basse fréquence, très marquée dans la région. Un second volet s’attache donc à caractériser l’effet de cette variabilité sur la perte de masse future de l’Antarctique. Cette étude est fondée sur un ensemble de simulations de contribution de la calotte au niveau des mers, d’ici 2100 sous le scénario médian SSP2-4.5, issu d’un modèle de calotte forcé par plusieurs membres de trois modèles climatiques. Nos expériences montrent que la variabilité interne affecte la contribution de l’Antarctique d’ici la fin du siècle de plus de 45% à 93% selon le modèle climatique, alors que leur représentation de la variabilité interne, à la fois océanique et atmosphérique, est certainement sous-estimée. L’influence de la variabilité atmosphérique prédomine et les secteurs d’Amundsen et d’Aurora, siège des principales pertes actuelles, sont les secteurs les plus affectés. Nos résultats suggèrent que l’impact de la variabilité interne sur l’évolution de la calotte doit être systématiquement exploré via l’utilisation de plusieurs membres climatiques.La tentative d’identification des rôles respectifs des influences anthropique et naturelle dans les pertes de masses observées dans les régions d’Amundsen et d'Aurora parachève ces travaux. A cette fin, nous reconstruisons, via une méthode originale d’initialisation, des ensembles d'évolutions de la calotte depuis 1850 avec et sans forçage anthropique pour sept membres d’un même modèle climatique. Comme escompté lors des deux premières phases d’étude, les trajectoires historiques sont impactées par la variabilité interne et certains membres climatiques permettent l’obtention d’états pré-industriels froids par intermittence en mer d'Amundsen. La détection du signal anthropique est ensuite estimée en comparant les trajectoires avec et sans forçage anthropique.Ces travaux ouvrent la voie (i) à la détection/attribution des changements de masse de la calotte et (ii) à l'intégration des modèles de calottes au sein des modèles de climat en proposant une méthodologie d'initialisation de la calotte dès l'ère pré-industrielle.