Thèse soutenue

Histoire et historiographie d’une cité dans les dynamiques de l’Italie tyrrhénienne : Alalia/Aleria, une colonie étrusco-italique en Corse (fin VIe av. J.-C. – début IIIe siècle av. J.-C.)

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Auteur / Autrice : Olivier Alfonsi
Direction : Nicolas MathieuAndrea Zifferero
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 28/10/2024
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes en cotutelle avec Università degli studi (Pise, Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire universitaire histoire cultures Italie Europe (Grenoble, Isère, France ; 2016-....)
Jury : Président / Présidente : Marie-Laurence Haack
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Mariaud, Fernando Gilotta
Rapporteurs / Rapporteuses : Marie-Laurence Haack, Alessandro Naso

Résumé

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Entre 1960 et 1983, les chercheurs Jean et Laurence Jehasse ont mis au jour l’un des plus importants sites archéologiques de Corse : la nécropole préromaine, dite de Casabianda, qui se trouve à trois kilomètres au sud du plateau d’Aléria. Avec 179 tombes et 4511 objets de mobilier, cette nécropole détient le plus grand ensemble funéraire étrusco-italique trouvé hors d’Italie. Paradoxalement, il fallut attendre plusieurs décennies pour voir émerger des travaux relatifs « au fait étrusque en Corse » (D. Briquel 2015). En effet, jusqu’au début des années 2010, la question d’une implantation tyrrhénienne de type colonial dans l’île n’était – sauf à de rares exceptions – que peu abordée. Cependant, les travaux engagés lors de la dernière décennie, conjugués à l’accroissement de la connaissance sur l’expansion tyrrhénienne en Méditerranée occidentale ont permis d’ancrer solidement l’hypothèse selon laquelle Alalia a connu un peuplement étrusque stable entre le début du Ve siècle et le début du IIIe siècle av. J.-C. Dans le cadre de ce renouvellement paradigmatique, l’objet de cette recherche est de déterminer :- La / les cité(s) de la Dodécapole qui fut / furent à l’origine de cette présence- Le contexte global (politique, économique et culturel) dans lequel cette présence s’est inscrite.- La nature et la vocation du site (colonie, comptoir, ou emporion).Autrement dit, il s’agit de « reconnaître l’expression locale d’un mouvement de plus grande ampleur » (P. Boucheron 2018), puisqu’à travers l’étude de la présence étrusque à Alalia-Aléria, le but de ce travail est d’identifier la nature, les enjeux et les principaux acteurs de l’expansion tyrrhénienne en Méditerranée nord occidentale entre la fin du VIe et la première moitié du IIIe siècle av. J.-C. Pour y parvenir, nous avons articulé cette recherche autour de trois axes en croisant des données issues de la documentation textuelle (littéraire et épigraphique) et de la documentation archéologique, et ce, dans une perspective comparatiste avec les cités d’Étrurie côtière ainsi que plusieurs sites emporiques du bassin occidental.Cette thèse comporte par ailleurs une large composante historiographique dans laquelle nous avons étudié comment la problématique du peuplement préromain de la Corse a parfois été investie par différents acteurs ‘’scientifiques’’ pour être mise au service de discours idéologiques. Dans cette veine, nous avons rassemblé et étudié diverses œuvres produites en Italie durant la période fasciste dans lesquelles certains savants d’alors ont utilisé le « fait étrusque en Corse » (D. Briquel) au profit des revendications irrédentistes du régime mussolinien. À cela s’ajoute une série de travaux produits en Corse depuis les années 1980 par des universitaires et érudits proches de la mouvance nationaliste, où cette fois la problématique du peuplement préromain de l’île a été exploitée pour nourrir un discours essentialiste sur l’identité insulaire contemporaine.