Maxime Rodinson et Pierre Vidal-Naquet. Origines et engagements : deux parcours intellectuels croisés dans la deuxième moitié du XXe siècle
Auteur / Autrice : | Magali Gustave |
Direction : | Nancy L. Green |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire et civilisations |
Date : | Soutenance le 25/09/2024 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Président / Présidente : Sabina Loriga |
Examinateurs / Examinatrices : Sabina Loriga, Pénélope Larzillière, Frédéric Sawicki, Annie Collovald, François Dosse | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Pénélope Larzillière, Frédéric Sawicki |
Résumé
L’histoire des intellectuels s’est intéressée aux engagements intellectuels depuis l’Affaire Dreyfus en se focalisant sur des périodes particulières d’engagements politiques, sur des réseaux et des sociabilités, sur l’étude des idées et des conditions (sociales, politiques, culturelles etc.) qui ont mené à leur théorisation. Elle a cependant peu porté son attention sur les liens entre origines et engagements politiques et sur l’aspect singulier du « passage à l'acte » engagé chez des intellectuels, envisagés dans leur individualité. L’étude des parcours intellectuels croisés de Maxime Rodinson (1915-2004) et Pierre Vidal-Naquet (1930-2006), l’un orientaliste, linguiste, sociologue et l’autre historien a pour ambition d’étudier la singularité de leurs engagements et de leur apport intellectuel et de dégager de quelles manières, chez ces deux figures militantes, très différentes l’une de l’autre malgré des prises de position convergentes voire conjointes, leurs origines, sociales, ethniques, religieuses, les expériences socialisatrices vécues dans leur milieu social d’origine, leur culture familiale jouent un rôle dans leur passage à l’acte, à travers la lecture qu'ils font de certains événements qui les heurtent. Ces origines, que nous tentons d’abord de définir et pour lesquelles nous cherchons aussi dans cette recherche un biais méthodologique pour les étudier, semblent jouer un rôle dans leur manière d’« être intellectuel », ce que nous appelons leur « geste ». Nous essayons de montrer qu’elles orientent des postures intellectuelles, qui nous apparaissent aussi comme le reflet des trajectoires qu’ils empruntent, elles aussi façonnées en partie par ces origines. Finalement étudier les parcours intellectuels de Pierre Vidal‑Naquet et Maxime Rodinson, c’est observer, indépendamment des travaux sur des groupes ou des mouvements, la singularité et l’apport individuel de ces deux hommes à l'histoire des sciences sociales, à l’histoire intellectuelle comme à l’histoire politique de la France. Cette thèse brosse à la fois le tableau de leurs différents engagements pendant un demi-siècle, de leur activité intellectuelle intimement liée à ces questions éthiques comme elle s’attache à comprendre comment chacun d’eux se définit, à quoi il s’identifie quand ils font retour sur eux dans leurs écrits autobiographiques.