Thèse soutenue

Face au refus de soin : les aides-soignantes en formation à l'épreuve des dilemmes moraux.

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Auteur / Autrice : Samuel Thomas
Direction : Philippe Bataille
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 12/12/2024
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Clotilde Lemarchant
Examinateurs / Examinatrices : Clotilde Lemarchant, Marc Loriol, Ivan Sainsaulieu, Sandrine Bretonnière, Edouard Gardella, Marta Spranzi, Anne Vega
Rapporteurs / Rapporteuses : Marc Loriol, Ivan Sainsaulieu

Résumé

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La thèse étudie l’émergence et le traitement des dilemmes éthiques dans le travail desoin des aides-soignantes. Pour ce faire, elle mobilise trois types de matériaux, correspondant aux trois parties du manuscrit.Une première partie situe les pratiques de travail des aides-soignantes en service, ce qui permet de contextualiser les dilemmes dans les pratiques qui les font exister, et de constater la persistance d’une asymétrie dans le soin, au détriment des personnes soignées (personnes malades, patientes, usagères, etc.). La seconde partie historicise à la fois les catégories profanes et les catégories d’analyse associées à la morale. Elle permet de comprendre la coexistence de normes morales du soin qui entrent parfois en contradiction, de déconstruire les usages des termes d’éthique et de morale, puis d’élaborer un cadre théorique ajusté à l’étude des dilemmes moraux dans le soin.La troisième partie s’intéresse au traitement qui est fait des dilemmes éthiques en formation d’aide-soignante. La formation constitue à la fois un lieu d’observation privilégié, un moment de socialisation professionnelle et un cadre favorisant la réflexion sur les pratiques et les normes du soin. Cette troisième partie s’attache en particulier à saisir les conditions, les effets mais aussi les facteurs limitant ces montées en réflexivité portées par la formation.La thèse dégage une proposition théorique centrale : la relation de soin est le produit d’un rapport social de vulnérabilité, qui organise l’asymétrie entre aides-soignantes et patients au détriment de ces derniers. Les dilemmes moraux que suscitent les refus de soin sont susceptibles de mettre à l’épreuve cette asymétrie, lorsqu’ils font l’objet d’une montée en réflexivité éthique de la part des soignants. Ce mouvement critique est toutefois entravé par un cadre interprétatif individualiste, qui naturalise les normes morales du soin et transfère la responsabilité aux aides-soignantes. Les aides- soignantes se retrouvent alors bien seules pour faire face au refus de soin.Cette recherche a bénéficié d’un contrat doctoral effectué à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), financé par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, via le réseau doctoral en santé publique (RDSP) coordonné par l’École des Hautes Études en Santé Publique (EHESP).