En personne et en chiffres : enquête sur les pratiques de quantification et leurs limites dans l’accompagnement social des mal-logés
Auteur / Autrice : | Baptiste Legros |
Direction : | Cyril Lemieux |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 11/12/2024 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Président / Présidente : Philippe Bezes |
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Bezes, Claire Lévy-Vroelant, Bertrand Ravon, Olivier Beraud Martin, Marine Bourgeois | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Claire Lévy-Vroelant, Bertrand Ravon |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
En dépit de l’accroissement des évaluations quantitatives dans la conduite des politiques publiques à l’égard des mal-logés, et plus globalement, de l’intensification des recours aux chiffres dans la gestion bureaucratique de l’État, comment expliquer que le sociologue observe sur le terrain, dans les routines des professionnel.le.s chargé.e.s du relogement, des formes de connaissance des ayant-droits et d’évaluation de leur situation qui ne font pas appel aux chiffres ? Plus encore, comment expliquer qu’au cours des trois dernières décennies, tandis que les pratiques de quantification ne cessaient de s’intensifier et de se perfectionner dans ce secteur d’intervention, ces formes de connaissance appréciative, suspendant volontairement l’appui sur les données chiffrées, n’ont elles-aussi cessé de progresser dans ce même secteur ? C’est à éclairer ces questions que s’attache cette thèse. Elle le fait sur la base d’une enquête ethnographique qui a été menée durant trois ans au sein d’un organisme social francilien mandaté par la préfecture de région d’Île-de-France pour intervenir en urgence en faveur du relogement des plus démunis. Nous nous intéressons plus particulièrement à deux missions que l’État a déléguées à cet organisme : accompagner dans le logement des familles bénéficiant d’un « bail glissant » et diagnostiquer en urgence les occupants d’un squat. Les données ethnographiques recueillies sont confrontées à une analyse de l’évolution historique de l’organisme étudié, remontant à sa création au début des années 1990. Cette double approche, ethnographique et historique, permet de saisir le type de nécessités sociales qui ont conduit à l’augmentation concomitante, dans la gestion du mal-logement, du recours aux chiffres et de la connaissance appréciative des ayant-droits. Nous montrons ainsi que si l’opposition entre objectivation en chiffres et connaissance appréciative des ayant-droits et des situations donne lieu, d’un point de vue ethnographique, à de fortes tensions entre services et entre groupes professionnels, ces deux logiques n’en sont pas moins, d’un point de vue historique, la résultante d’un seul et même processus : celui à travers lequel l’action publique ne cesse de s’adapter aux attentes d’une société où, pour reprendre des termes durkheimiens, s’accroit la division du travail social. C’est dès lors à concevoir sur une base renouvelée la critique de l’usage par l’État des données quantifiées, que cette thèse en appelle.