Essais sur l'impact de l'innovation et du progrès technique
Auteur / Autrice : | Simon Bunel |
Direction : | Philippe Aghion |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 04/12/2024 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale d'Économie (Paris ; 2004-....) |
Jury : | Président / Présidente : Ariell Reshef |
Examinateurs / Examinatrices : Ariell Reshef, Émeric Henry, Roland Rathelot, Anastassia Fedyk, Alexandra Roulet | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Émeric Henry, Roland Rathelot |
Mots clés
Résumé
Depuis le début des années 2000, la France et plus généralement l'Europe connaissent un décrochage notable par rapport à la frontière technologique mondiale. C'est en ce sens que cette thèse se penche sur les enjeux du changement technologique en explorant tant ses causes que ses implications économiques. Elle est une collection de trois essais qui étudient l'effet du changement technologique sur la croissance et le marché du travail, et l'efficacité des politiques publiques d'innovation dont l'objectif est de favoriser l'émergence du changement technologique, à partir de données administratives françaises d'entreprises permettant d'éclairer ces enjeux macroéconomiques (''micro-to-macro'').Le premier chapitre étudie les effets des investissements dans le capital manufacturier moderne - comprenant notamment les technologies modernes d'automatisation - sur le marché du travail et des produits, à différents niveau d'analyse : entreprise, secteur et marché du travail local (zone d'emploi). Les effets causaux sont estimés à l'aide d'un modèle de variable instrumentale tirant parti de liens d'approvisionnement prédéterminés et de chocs de productivité entre les fournisseurs étrangers de capital industriel (''Shift-Share IV''). Au niveau de l'entreprise et de l'industrie, les investissements en capital manufacturier moderne entraînent une augmentation de la demande de main-d'œuvre, des ventes et des exportations. Toutefois, la réponse de la demande de travail au niveau de l'industrie n'est positive que dans les industries qui sont exposées à la concurrence internationale. Ce chapitre contribue à la littérature pré-existante en s'intéressant à l'investissement dans le capital manufacturier moderne au sens large, sans se concentrer sur un type de technologie spécifique, et implémente une méthode empirique inédite pour estimer des effets causaux de l'adoption de ces technologies. Le deuxième chapitre s'intéresse à la mise en place d'une politique de soutien à l'innovation, le crédit d’impôt innovation (CII), ayant pour objectif d'inciter les PME à développer de nouveaux produits grâce au développement de prototypes ou d’installations pilotes et contribuent ainsi au changement technologique. À l’aide d’une méthode de doubles différences après appariement sur score de propension, ce chapitre met en évidence une hausse de l’emploi plus importante à court terme chez les entreprises bénéficiaires du dispositif, ainsi qu’une hausse plus marquée à moyen terme de leur chiffre d’affaires. Il est également observé une augmentation plus importante du nombre de nouveaux produits fabriqués. Enfin, le troisième chapitre étudie l'effet de la destruction créatrice sur la mesure de la croissance économique en France. En effet, dans les secteurs où de nouveaux produits remplacent les anciens, il est difficile pour les offices statistiques d'évaluer la part de l'augmentation de la valeur monétaire due à l'inflation et la croissance de la productivité réelle. La procédure standard consiste à supposer que le taux d'inflation ajusté à la qualité est le même que pour d'autres articles de la même catégorie que l'office statistique peut suivre dans le temps, c'est-à-dire des produits qui ne sont pas sujets à la destruction créatrice. En utilisant le paradigme de la croissance schumpétérienne et en mobilisant des données d'établissements, ce chapitre estime qu'entre 2004 et 2015, environ 0,5 point de pourcentage de croissance de la production réelle par an est manquée par l'Insee, du même ordre de grandeur que ce qui a été estimé aux États-Unis. La dynamique sous-jacente des établissements et des entreprises met en évidence que les estimations similaires cachent des différences notables dans la dynamique des établissements entre les deux pays.