Les enjeux de la migration de retour en Guinée : les expériences non-retour et de retour de migrants via les programmes de retour « volontaire ».
Auteur / Autrice : | Mohamed Dougouno |
Direction : | Ulrike Schuerkens |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Socio-économie du développement |
Date : | Soutenance le 23/10/2024 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Président / Présidente : Ali Aït Abdelmalek |
Examinateurs / Examinatrices : Ali Aït Abdelmalek, Christophe Daum, Seydi Ababacar Dieng, Nancy L. Green, Klaus Hamberger | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Christophe Daum, Seydi Ababacar Dieng |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
La Guinée a une tradition migratoire affirmée. Pendant la période coloniale et au lendemain de son indépendance, elle a fourni des travailleurs saisonniers au Sénégal et à la Côte d'Ivoire. Des décennis après, ces dynamiques de mobilité se poursuivent. En 2015, les Nations Unies ont dénombré 426 941 migrants guinéens à travers le monde. Si ces flux sont principalement orientés vers les pays d'Afrique de l'Ouest (74%), ils tendent à épouser d'autres destinations. Les routes de l'Europe via le Sahel et l'Afrique du Nord recrutent de plus en plus de candidats. Selon les données de Frontex citées par Petit et Baldé (2017), le nombre de Guinéens entrés « irrégulièrement » en Europe est passé de 47 en 2009 à 14 708 en 2016. En 2021, les ressortissants guinéens comptaient parmi les premiers demandeurs d’asile en Europe (cinquièmes en France et 15èmes dans toute l’Europe). Ces mouvements de départ sont doublés d’importants flux de retour. Entre janvier 2017 et septembre 2022, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a facilité le retour de 29 410 Guinéens, faisant de la Guinée le premier pays de retour en Afrique subsaharienne. L’importance prise par les migrations guinéennes contraste avec le faible intérêt des chercheurs pour le sujet. Dit autrement, les mobilités des ressortissants guinéens restent à jour peu documentées. Cette thèse vise à contribuer à combler ce manque. Elle tente de comprendre les fondements des décisions de ces migrants. Pour ce faire, elle questionne différents moments de leurs expériences : l’émigration, le parcours dans les pays de transit, l’immigration en Europe, le retour et la réintégration en Guinée. Pour appréhender ces problèmes de recherche, une méthodologie de type qualitatif a été convoquée. L’entretien semi-directif a été le principal outil de collecte de données. Des entrevues individuelles ont ainsi été réalisées avec des migrants en situation « irrégulière » en Europe (France et Belgique), des migrants de retour en Guinée et des informateurs issus des communautés de retour. Outre l’entretien, la comparaison a été mobilisée pour suivre l’évolution des dynamiques migratoires en Afrique à travers la mise en perspective des migrations guinéennes au Sénégal et celles burkinabè en Côte d’Ivoire. La démarche comparative a aussi permis de comprendre les approches de réintégration proposées aux migrants retournés. Sur le plan théorique, un cadre d’analyse construit autour de la théorie néoclassique (Approche micro) et de la théorie des choix rationnels de Boudon, a permis d’interpréter les décisions des Guinéens dans différents contextes migratoires.