Faire projet dans le bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais.Territoire, architecture & patrimoine post-industriel : des morts-terrains aux sols vivants
Auteur / Autrice : | Lucas Monsaingeon |
Direction : | Élisabeth Auclair, Philippe Prost, Frank Rambert |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Architecture |
Date : | Soutenance le 13/09/2024 |
Etablissement(s) : | CY Cergy Paris Université |
Ecole(s) doctorale(s) : | Arts, Humanité, Sciences Sociales |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de l'école nationale supérieure d'architecture de Versailles |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Marc Besse |
Examinateurs / Examinatrices : Élisabeth Auclair, Philippe Prost, Frank Rambert, Jean-Marc Besse, Lucie K. Morisset, Gabriele Pierluisi, Béatrice Mariolle | |
Rapporteur / Rapporteuse : Lucie K. Morisset, Gabriele Pierluisi |
Mots clés
Résumé
Le Bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais se caractérise par un paysage, un urbanisme et une architecture résultants de deux siècles d'exploitation intensive du charbon, en transition brutale suite à la fermeture des mines. Ni ville ni campagne, dépourvu de frontières, cet espace forme un territoire de projet bien spécifique. Son inscription en 2012 sur la Liste du patrimoine mondial par l'UNESCO en tant que « paysage culturel évolutif et vivant », pensée comme une force de résilience, a porté la question patrimoniale et architecturale sur un terrain rarement abordé et à une échelle inédite, soulevant de nombreuses questions pour les architectes et acteurs du territoire : plus de 28.000 maisons de mines, chevalements, monuments et terrils… Si la recherche sur le Bassin minier a fait l'objet d'un regain d'intérêt depuis une dizaine d'années dans plusieurs disciplines, les architectes et urbanistes se sont étonnamment peu intéressés à ce sujet.Dans la conjoncture actuelle de transition territoriale post-industrielle, cette thèse propose donc une enquête descriptive et prospective sur l'héritage minier architectural, urbain et paysager comme ressource du territoire, et sur la contribution du projet d'architecture, en tant que processus conceptuel et opérant. Elle propose un cadre explicatif aux situations spatiales de complexité, d'incertitude et de singularité rencontrées sur le terrain, comme socle pour « faire projet » en ces lieux. Cette recherche par le projet en architecture interroge les problématiques techniques, administratives et doctrinales rencontrées dans la pratique de la maîtrise d'œuvre. Pour cela, elle utilise une approche abductive et réflexive, et s'appuie sur deux corpus principaux : 353 objets spatiaux inscrits par l'UNESCO, et 9 projets choisis, pour partie dirigés par l'auteur entre 2012 et 2022 au sein de l'Atelier d'Architecture Philippe Prost. Ces projets, considérés comme producteurs de connaissance, sont analysés au prisme des discours, des jeux d'acteurs et des percepts produits. Le relevé graphique inédit de l'intégralité du corpus des 353 éléments spatiaux constitue un Atlas des restes miniers, publié sous la forme d'un second volume.Cette thèse interroge successivement et à plusieurs échelles les spécificités territoriales du Bassin minier, le rôle et la place de l'architecture dans les transformations en cours, et la participation des politiques mémorielles et patrimoniales à ces évolutions. Ces trois questions - territoriale, architecturale et patrimoniale - sont croisées avec trois couples dialogiques - dessus/dessous, monumental/banal, inerte/vivant. La grille de lecture qui en ressort met en lumière la nécessité d'élaborer un « projet de sol » tridimensionnel prenant en compte les sols artificiels et les sous-sols du Bassin minier, de conduire un urbanisme de révélation et d'impulsion en prise avec l'ordinaire, dans une approche holistique et typologique, et d'intégrer le nouveau paradigme du vivant dans une approche écosystémique et dynamique.