Thèse soutenue

Etude des parasites de la faune piscicole introduite et autochtone de Corse

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Auteur / Autrice : Anaïs Esposito
Direction : Yann QuilichiniJoséphine Foata
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physiologie et Biologie des Organismes - Populations - Interactions
Date : Soutenance le 24/05/2024
Etablissement(s) : Corte
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Environnement et sociéte (Corte ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Université de Corse (1975-....). UMR CNRS 6134 "Sciences pour l'Environnement" (SPE)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Yann Quilichini, Joséphine Foata, Cheikh Tidiane Bâ, Jordi Miquel, Bernard Marchand, Sihem Bahri-Ajmi
Rapporteurs / Rapporteuses : Cheikh Tidiane Bâ, Jordi Miquel

Résumé

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La Corse, avec ses 3 000 km de linéaire de cours d’eau, possède un réseau hydrographique particulièrement dense et complexe. A cette complexité vient s’ajouter celle des peuplements piscicoles actuels, fruits de vagues successives d’introductions d’espèces dans les cours d’eau et les plans d’eau de l’île. Si la Corse est caractérisée par une faune piscicole native faiblement diversifiée (seulement quatre espèces), plus d’une vingtaine d’espèces introduites sont venues augmenter artificiellement cette diversité depuis la fin du 19ème siècle. Les impacts des espèces introduites sur les écosystèmes aquatiques sont multiples (e.g., compétition, prédation, modification d’habitat, impacts génétiques) et parmi ceux-ci, la co-introduction de pathogènes, dont les parasites, est particulièrement préoccupante et encore trop faiblement documentée. Il est de plus intéressant d’aborder ce type de sujet en milieu insulaire. Les travaux présentés ici ont par conséquent pour objectifs de déterminer la composition de la parasitofaune des poissons natifs et introduits en Corse, d’évaluer sa richesse, de déterminer si des transferts de parasites des poissons introduits vers les natifs ont pu se produire, et si les parasites présents sont susceptibles d’avoir un impact en termes de santé animale ou humaine.Afin de réaliser ce travail, des campagnes d’échantillonnage ont été réalisées sur une sélection d’espèces natives (Anguilla anguilla, Salmo trutta, Salariopsis fluviatilis et Atherina boyeri) et introduites (vairons du genre Phoxinus, Perca fluviatilis, Squalius cephalus et Gobio spp.), dont quatre ont été particulièrement ciblées en raison de leur accessibilité et des problématiques parasitologiques qu’elles offraient. Ainsi, le travail mené a permis, d’une part, de déterminer la composition des communautés parasitaires d’A. anguilla dans deux lagunes de la plaine orientale et, pour la première fois, dans de nombreux cours d’eau répartis sur l’ensemble du territoire insulaire. D’autre part, ce travail a mis en évidence la présence dans toute la Corse de parasites invasifs : les Monogenea Pseudodactylogyrus bini et P. anguillae et le Nematoda Anguillicola crassus, ainsi que leur maintien et l’augmentation de leur prévalence et abondance dans la lagune de Biguglia depuis la décennie précédente. Ces résultats montrent l’intérêt du suivi des parasites invasifs. L’étude de la truite S. trutta a permis de proposer une détermination spécifique du Gyrodactylus qui provoque des pathologies chez certaines populations de Corse. Pour ce qui est des espèces introduites, les travaux menés chez les Phoxinus ont révélé la présence de quatre espèces de ce genre dans l’île, avec un premier signalement pour Phoxinus csikii et Phoxinus septimaniae. Les parasites des vairons ont été étudiés en Corse pour la première fois et la répartition des Monogenea du genre Gyrodactylus a permis de retracer les voies d’introduction secondaires de leurs hôtes. Ces résultats montrent la nécessité d’une clarté taxonomique pour la parasitologie et l’apport de l’étude des parasites pour la biologie des invasions. Bien que réalisée sur un faible effectif, l’étude des parasites de Perca fluviatilis a révélé la présence de deux parasites zoonotiques chez ce poisson : le Nematoda Eustrongylides spp. et le Digenea Clinostomum complanatum, tous deux rapportés pour la première fois en France, et susceptibles d’impacter la santé de la faune sauvage et la santé humaine. Ces observations confirment la nécessité d’une approche systémique du type One Health pour ce genre de problématique. Des données, moins fournies, ont aussi été apportées pour la première fois sur la parasitologie d’autres espèces introduites et natives de Corse (S. fluviatilis, A. boyeri, S. cephalus et Gobio spp.).