Approche mécanistique en radioécologie : processus d'accumulation de radionucléides dans les mollusques bivalves
Auteur / Autrice : | Romain Stefanelli |
Direction : | Christophe Den Auwer, Jean Aupiais |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Chimie |
Date : | Soutenance le 10/01/2024 |
Etablissement(s) : | Université Côte d'Azur |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences fondamentales et appliquées (Nice ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de chimie (Nice) |
Jury : | Président / Présidente : Marie-Yasmine Dechraoui-Bottein |
Examinateurs / Examinatrices : Christophe Den Auwer, Jean Aupiais, Marie-Yasmine Dechraoui-Bottein, Dominic Larivière, Gilles Montavon, Melody Maloubier | |
Rapporteur / Rapporteuse : Dominic Larivière, Gilles Montavon |
Mots clés
Résumé
Les incidents nucléaires, à l'instar de Fukushima en 2011, soulèvent des préoccupations d'ordre géopolitique, économique et d'acceptation publique. Les océans servent de réceptacle aux pollutions terrestres, notamment aux radionucléides d'origine naturelle (provenant de l'érosion et du ruissellement) et d'origine anthropogénique (issus des essais nucléaires et des rejets nucléaires industriels). La compréhension de la spéciation des radionucléides dans le milieu marin revêt donc une importance capitale pour évaluer leur impact environnemental. Certains organismes marins, notamment les moules, ont la capacité d'accumuler ces radionucléides. L'étude de la spéciation in vivo est fondamentale pour appréhender l'accumulation, la biodisponibilité et la toxicité de ces éléments, ainsi que leur incidence sur l'écosystème marin. Au cours de cette thèse, deux radionucléides ont été examinés : le 60Co, un émetteur gamma provenant de l'activation dans les centrales nucléaires, et l'uranium, un actinide naturellement présent dans le milieu marin, servant de modèle pour les actinides lourds. La glande digestive joue un rôle majeur dans les mécanismes de leurs détoxification chez les mollusques, permettant la mobilisation des métaux et participant aux processus de détoxification. Plusieurs métabolites, notamment les métallothionéines, des protéines de faible poids moléculaire possédant une forte affinité pour les ions métalliques en raison de la présence de groupes thiols, sont impliqués dans ces processus. Le byssus, quant à lui, revêt une grande importance pour les mollusques, leur permettant de s'ancrer sur des supports. Les fils de byssus, principalement composés de collagène, présentent des propriétés adhésives qui suscitent l'intérêt des chercheurs. Des protéines spécifiques, appelées ''protéines du pied de la moule'' (mfp), contiennent une quantité significative de DOPA (l-3,4-dihydroxyphénylalanine), allant jusqu'à 15 % moléculaire, au niveau des fils. La DOPA participe à la complexation d'ions métalliques, tels que le vanadium et le fer, influençant les propriétés mécaniques des fils de byssus. Ce travail a permis de quantifier le cobalt et l'uranium à l'aide de techniques telles que la spectrométrie de masse à plasma à couplage inductif (ICP-MS) et la spectrométrie gamma dans les organes, offrant des informations sur leur répartition au sein de différents compartiments subcellulaires. Des outils d'imagerie ont permis de localiser ces métaux à diverses échelles biologiques, tels que les organes par la fluorescence des rayons X (-XRF) et l'émission de rayons X induite par des particules (PIXE) et les cellules par spectrométrie de masse à ions secondaires (SIMS), ont fourni des renseignements sur leur distribution et leur spéciation. La spéciation a été étudiée au moyen de la spectroscopie d'absorption des rayons X (XAS) et de la spectrofluorimétrie laser à résolution temporelle (SLRT), cette dernière a été utilisé exclusivement pour l'uranium.Cette thèse a permis d'associer quantification, imagerie et spéciation pour mieux comprendre le transfert de l'uranium et du cobalt chez les mollusques bivalves.