Thèse soutenue

Apathie chez la personne âgée présentant un trouble neurocognitif : associations avec la fatigue, répercussions physiques et impact sur la prise de décision dans le dilemme d'exploration-exploitation

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Auteur / Autrice : Lyne Daumas
Direction : Raphaël ZoryPhilippe RobertValéria Manera
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du mouvement humain
Date : Soutenance le 30/01/2024
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences du Mouvement Humain (Marseille ; 2004-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Motricité Humaine, Expertise, Sport, Santé (LAMHESS) (Nice, Alpes-Maritimes ; Marseille, Bouches-du-Rhône) - Cognition Behaviour Technology (Nice)
Jury : Président / Présidente : Gilles Allali
Examinateurs / Examinatrices : Raphaël Zory, Philippe Robert, Valéria Manera, Gilles Allali, France Mourey, Kathy Dujardin, Éric Salmon, Maribel Pino
Rapporteurs / Rapporteuses : France Mourey, Kathy Dujardin

Résumé

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L'apathie constitue l'un des symptômes neuropsychiatriques les plus présents dans les troubles neurocognitifs. Définie comme un trouble du comportement dirigé vers un but, elle se manifeste par une réduction quantitative des activités et reposerait sur des dysfonctionnements dans le traitement des récompenses et les prises de décision sous-jacentes qui posent la question de savoir si l'ensemble des actions planifiées et dirigées vers un but valent ou non la peine d'être réalisées. Similairement, la fatigue se manifeste par des difficultés dans l'initiation et le maintien des activités, et pourrait partager avec l'apathie des mécanismes centraux communs. Cependant, si on sait que les comportements sont affectés par l'apathie, ses répercussions dans la dimension physique ainsi que sa relation avec la fatigue restent à clarifier ; en particulier, la manière dont celles-ci se chevauchent, se distinguent et impactent les capacités physiques. D'autre part, alors que plusieurs preuves soutiennent l'idée selon laquelle l'apathie est associée à des perturbations dans la prise de décision basée sur l'effort et la récompense, encore très peu d'étude se sont intéressées à celle réalisée en contexte incertain, lorsque les valeurs des récompenses changent au cours du temps et que les individus sont amenés à choisir entre une option plus prévisible (exploitation) et une option moins certaine, mais potentiellement plus gratifiante (exploration). Ainsi, l'objectif de ce travail doctoral était d'identifier, de la prise de décision au comportement, comment l'apathie s'associe à la fatigue, impacte les capacités physiques, et affecte la capacité à faire des choix optimaux dans un environnement changeant.En utilisant des questionnaires auto-rapportés et par l'intermédiaire d'une analyse factorielle exploratoire, l'étude 1, menée en population générale, montra que les facteurs latents sous-tendant la dimension émotionnelle et sociale de l'apathie ne supportaient aucun élément de fatigue, et suggérait ainsi que le manque de sensibilité émotionnelle et de motivation sociale étaient spécifiques à l'apathie. À l'inverse, les résultats mirent en avant des chevauchements entre l'apathie et la fatigue dans la dimension comportementale relative à la réduction des activités ainsi que dans la dimension mentale/cognitive. Cette étroite relation entre l'apathie et la fatigue fût, par la suite, confirmée chez des patients présentant un trouble neurocognitif mineur, dans l'étude 2 et 3 où les capacités physiques fonctionnelles ont été évaluées. Plus précisément, les patients apathiques rapportèrent, par rapport aux patients non apathiques, des niveaux plus importants de fatigue ainsi qu'une fatigabilité accrue sur une tâche de force de préhension maximale soutenue. De plus, des niveaux plus importants d'apathie et de fatigue étaient associés à une diminution des activités physiques quotidiennes ainsi que des capacités physiques réduites. Pris ensemble, ces résultats soulignaient ainsi l'importance d'évaluer et traiter l'apathie et la fatigue dans le cadre des troubles neurocognitifs, et de considérer leur impact sur le fonctionnement physique. Quant à l'étude 4, les résultats mirent en évidence, sur la tâche expérimentale utilisée, une prise de décision sous-optimale chez les patients apathiques, marquée par des temps de latence élevés et une exploration excessive. Cette dernière s'est avérée être, de surcroît, associée à des performances plus faibles au test neuropsychologique de flexibilité mentale. La possibilité que les patients apathiques puissent avoir du mal à adapter, de manière flexible, leurs réponses, ainsi que la pertinence de ce paradigme sont alors discutées. De manière importante, les résultats et les perspectives de recherche issus de ces travaux de thèse permettent et permettront une meilleure compréhension des dysfonctionnements associés à l'apathie, et ce, pour une meilleure évaluation et prise en charge.