L'influence des pratiques d'enseignement de la lecture littéraire des enseignants stagiaires tutorés sur les enseignants chevronnés tuteurs : Le ''reverse mentoring'' au service de la formation des enseignants ?
Auteur / Autrice : | Céline Foliot |
Direction : | Magali Brunel, Sébastien Chaliès |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'éducation et de la formation (Didactique de la littérature) |
Date : | Soutenance le 19/06/2024 |
Etablissement(s) : | Université Côte d'Azur |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, humanités, arts et lettres (Nice ; 2016-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire d'Innovation et Numérique pour l'Éducation (Nice) |
Jury : | Président / Présidente : Ana Dias-Chiaruttini |
Examinateurs / Examinatrices : Sylvie Moussay, Serge Quilio | |
Rapporteur / Rapporteuse : Séverine De Croix, François Le Goff |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Insuffisante, et parfois mal adaptée (Cour des comptes, 2023), la formation continue des enseignants ne permet qu'une lente diffusion des avancées de la recherche dans les pratiques. Parallèlement, les savoirs sur la lecture des textes littéraires et leur didacticité, soumis au lissage inhérent à l'écriture de tout programme officiel, peinent à être appréhendés par les enseignants (Ahr & Peretti, 2020 ; Brunel & Perreti, 2020). Par ailleurs, les dernières réformes françaises sur la formation des enseignants valorisent la formation initiale par alternance, censée permettre aux novices de mieux articuler théorie et pratique. À ce niveau, il revient aux tuteurs, dit “de terrain”, la responsabilité d'accompagner professionnellement les novices, dans le cadre d'une “formation intégrative alternante” (Escalié & Magendie, 2019). Toutefois, contrairement aux novices qui bénéficient à l'université d'apports scientifiques actualisés, les tuteurs y ont peu été formés et s'en trouvent fragilisés (Jaspers et al., 2014). La nécessité de former les tuteurs (Chaliès, 2016) est donc encore d'actualité (Orland-Barak & Wang, 2021). Ces constats motivent l'exploration d'un dispositif de formation innovant, le reverse mentoring (RM). Né aux E-U en 1998 (Murphy, 2012), défini comme vecteur de développement professionnel de type gagnant-gagnant (Browne, 2021), le RM s'avère heuristique pour la formation des enseignants (Aydin, 2017). Le cadre théorique est double. Il fait appel à la didactique de la littérature et convoque la lecture littéraire et sa modélisation (Dufays, 2016), objet de transfert au sein de la relation tuteur/tutoré, mais aussi au cadre conceptuel de l'analyse de l'activité, plus précisément à l'anthropologie culturaliste (Chaliès & Bertone, 2021). Sur le plan empirique, il s'agit de mobiliser la subjectivisation d'un sujet en formation par l'apprentissage de “règles”, soutenant le déploiement de capacités normatives (Chaliès, 2016). Dès lors, l'étude analyse les retombées d'un dispositif de formation par RM sur l'appropriation de la lecture littéraire par des tuteurs de lettres. Les résultats montrent que la structuration d'un enseignement de la lecture littéraire, “réglée” par trois fiches outils, a permis aux tuteurs d'engager progressivement des capacités de signification, d'analyse et de réalisation, simulée par coteaching (Gallo-Fox & Scantlebury, 2016). La recherche fait émerger des pistes de réflexion sur les conditions de réalisation d'un processus de RM. Elle interroge aussi l'articulation des deux cadres théoriques en proposant d'« irriguer » les raisonnements pratiques des tuteurs par les savoirs didactiques. Cette tentative encourage à explorer plus avant des pistes technologiques croisant didactique disciplinaire et analyse de l'activité en formation des enseignants.