Optimisation de la phytoextraction du cuivre en sols viticoles
Auteur / Autrice : | Pierre Eon |
Direction : | Jean-Yves Cornu |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Géochimie et écotoxicologie |
Date : | Soutenance le 15/11/2024 |
Etablissement(s) : | Bordeaux |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences et Environnements |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Interactions sol plante atmosphère (INRA Bordeaux-Aquitaine) |
Jury : | Président / Présidente : Stéphanie Sayen |
Examinateurs / Examinatrices : Mathieu Pédrot | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Eva Schreck, Domenico Morabito |
Mots clés
Résumé
Le cuivre (Cu) est largement utilisé comme fongicide en viticulture via une application foliaire pour lutter contre le mildiou de la vigne. Une partie du cuivre est lessivée vers le sol lors des épisodes de pluie, et l’utilisation répétée de ces fongicides a conduit à une accumulation de cuivre dans les sols viticoles. Cette accumulation peut avoir des conséquences néfastes sur le fonctionnement des écosystèmes viticoles sur le long terme. En complément de la recherche d’alternative à l’utilisation de Cu, il est nécessaire de proposer des solutions de remédiation pour limiter l’accumulation de ce métal et ses éventuels effets délétères. La phytoextraction est une solution peu coûteuse et non polluante qui permet une décontamination in situ adaptée pour des grandes surfaces. Pour ces raisons, elle est déjà utilisée pour certains métaux traces. Cependant, les conditions favorables à la phytoextraction ne sont pas remplies dans le cas de Cu en contexte viticole car il n'existe aucune plante hyperaccumulatrice de Cu, et la disponibilité de Cu des sols viticoles est modérée. Ainsi, les rendements de phytoextraction de Cu peinent à atteindre la centaine de g Cu ha-1 an-1. Premièrement, cette thèse a pour objectif d'évaluer la sensibilité d'un panel de plantes à la contamination cuprique dans le but d'en trouver une ou plusieurs répondant positivement à une hausse de phytodisponibilité de Cu, et pouvant accumuler une grande quantité de Cu dans leur parties aériennes sans perte de biomasse. Deuxièmement, cette thèse vise à évaluer les effets d'apport de thé de compost oxygéné (TCO) sur la dynamique de Cu dans les sols viticoles. Ces TCO résultent de l'infusion de compost dans l'eau et sont riches en substances humiques solubles (SHS), qui ont la capacité de mobiliser le Cu présent dans le sol. La généricité et durabilité de ces effets a été déterminée sur un panel de sols viticoles. Le risque éventuel du transfert de Cu vers la profondeur en lien avec cette mobilisation sera également étudié. Pour finir, le troisième objectif vise à la mise en place d'un itinéraire de culture pour atteindre un rendement d'extraction de 1 kg Cu ha-1 an-1. La réponse de nombreuses espèces de plantes à une augmentation de la concentration en Cu a été caractérisée. Les plantes ont des stratégies efficaces pour lutter contre la contamination cuprique et seules quelques espèces ont été négativement impactées. Cependant, aucune espèce n'a accumulé plus de 50 mg Cu kg-1 dans ses parties aériennes, or, des plantes capables d'accumuler plusieurs centaines de mg Cu kg-1 sont nécessaires pour que leur utilisation en phytoextraction de Cu puisse être considérée. Les SHS contenues dans les TCO ont permis d'augmenter la mobilité et la biodisponibilité de Cu dans les sols viticoles. L'efficacité de la mobilisation de Cu dépend de l'affinité pour le Cu des SHS qu'ils contiennent, et du degré avec lequel leur apport augmente la concentration des SHS dans l'eau porale du sol. Bien que les effets de l'apport de TCO perdurent avec le temps, ils s'atténuent avec la fixation des SHS sur les phases solides et de leur dégradation par les micro-organismes. Des mesures isotopiques ont mis en évidence que la mobilisation est limitée aux premiers cms du sol et que le risque de transfert de Cu vers la profondeur est relativement faible. Des essais réalisés en conditions réalistes nous ont permis de tripler le rendement de phytoextraction via l'apport de TCO, confirmant leur effet bénéfique sur la croissance des plantes et la phytodisponibilité de Cu. Cependant, les rendements d'extraction de Cu ont varié entre 25 et 165 g Cu ha-1 an-1, ce qui reste faible comparé à l'objectif visé de 1000 g Cu ha-1 an-1. Ces résultats ont montré que les SHS contenues dans les TCO permettent de mobiliser le Cu sans risque de transfert vers la profondeur, mais l'absence de plante hyperaccumulatrice de Cu limite la mise en place de la phytoextraction pour atténuer la contamination des sols viticoles.