Thèse soutenue

Évaluation pharmaco-épidémiologique des médicaments de prévention secondaire des accidents vasculaires cérébraux (AVC)

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Auteur / Autrice : Julia Perrier
Direction : Julien Bezin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Pharmacologie - Option pharmaco-épidémiologie, pharmacovigilance
Date : Soutenance le 13/12/2024
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Bordeaux population Health
Jury : Président / Présidente : Karen Leffondré
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Tuppin
Rapporteurs / Rapporteuses : Yannick Béjot, Emmanuel Oger

Résumé

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Avec plus de 6 millions de décès en 2019, l’accident vasculaire cérébral (AVC) est la deuxième cause de mortalité mondiale. En France, c’est la première cause de mortalité chez les femmes et la troisième chez les hommes. Le contrôle des facteurs de risque est majeur en prévention secondaire. Les recommandations de première intention sont une bithérapie de traitements antihypertenseurs (un médicament du système rénine-angiotensine-aldostérone et un inhibiteur calcique ou un diurétique thiazidique), une statine, et un traitement antithrombotique selon la nature de l'AVC (non cardio-embolique : antiagrégant plaquettaire ; cardio-embolique : anticoagulant). Ces recommandations sont principalement issues des résultats d'essais cliniques. Cependant, ces études ne sont pas dénuées de limites. Les populations y sont bien souvent sélectionnées (peu de personnes âgées, peu de comorbidités) et donc non représentatives de la population finalement traitée en post-AVC. De plus, l'efficacité des traitements y est souvent évaluée individuellement et dans des conditions optimales, le bénéfice global de leur combinaison en situation réelle de soin reste ainsi incomplètement étudié. Un travail préliminaire en situation réelle de soin avait déjà montré une utilisation sous-optimale des médicaments hypolipémiants et antihypertenseurs en France après un premier AVC. De fait, l'efficacité en vie réelle pourrait être différente de celle retrouvée dans les essais cliniques. L’objectif de ce travail était de décrire l’utilisation des traitements de prévention secondaire des AVC en France, et d’évaluer l’efficacité de ces traitements en population et en situation réelle de soin. Dans la première partie, nous avons tout d’abord décrit l’utilisation des différentes combinaisons d’antihypertenseurs. Si le nombre de combinaison retrouvé en pratique était important, les médicaments les plus fréquents étaient ceux recommandés et le délai de première délivrance post-AVC était rassurant. Dans une seconde étude nous avons établi une revue systématique des différences entre les sexes dans la prise en charge médicamenteuse en post-AVC. Les femmes étaient moins susceptibles de recevoir des hypolipémiants et des antithrombotiques que les hommes, et plus susceptibles de recevoir des antihypertenseurs. Devant l’absence de données en France, nous avons mené une étude évaluant les différences de prise en charge médicamenteuse entre les sexes, qui a montré que les femmes recevaient moins d’hypolipémiants que les hommes. Afin d’identifier des leviers d’amélioration, nous avons initié une étude qualitative auprès de médecins généralistes et neurologues de Nouvelle-Aquitaine. Dans la seconde partie, nous avons évalué l’efficacité des traitements recommandés en situation réelle de soin. Si l’efficacité des statines et des antithrombotiques est incontestable en post-AVC, l’ensemble des antihypertenseurs étaient associés uniquement à une réduction de la morbi-mortalité cardiovasculaire, et seuls les diurétiques et les inhibiteurs calciques étaient associés à une réduction des récidives d’AVC. L’efficacité de certains antihypertenseurs était sexe-dépendant, les bétabloquants étaient associés à une augmentation du risque d’AVC chez les femmes, et les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II étaient associés à une augmentation du risque d’AVC chez les hommes avec fibrillation atriale. A l’inverse, aucune différence d’efficacité des hypolipémiants et des antithrombotiques n’a été retrouvée en fonction du sexe. Ces résultats mettent en évidence l’intérêt d’améliorer la prévention secondaire après un AVC en renforçant la personnalisation des recommandations concernant le choix du traitement antihypertenseur et l’application des recommandations concernant l’initiation d’un traitement hypolipémiants et antithrombotiques chez les femmes. Enfin, l’éducation thérapeutique des traitements de prévention secondaire parait indispensable afin d’en garantir la meilleure efficacité.