Thèse soutenue

Déterminants alimentaires et nutritionnels de symptomatologie dépressive chez des personnes âgées en population générale

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Auteur / Autrice : Jeanne Bardinet
Direction : Catherine Féart Couret
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Santé publique Option Epidémiologie
Date : Soutenance le 25/06/2024
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Bordeaux population Health
Jury : Président / Présidente : Jean-François Dartigues
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Michel Lecerf
Rapporteurs / Rapporteuses : Valentina A. Andreeva, Claudine Manach

Résumé

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Associée à une diversité de symptômes aux répercussions pouvant être fatales, la dépression est une maladie complexe d’origine multifactorielle dont la prévalence est en constante augmentation et particulièrement préoccupante chez les personnes âgées. Les traitements antidépresseurs ne sont pas toujours efficaces et ils sont responsables de nombreux effets secondaires et d’interactions médicamenteuses, notamment dans cette population polymédiquée. La recherche d’un axe de prévention de la dépression semble donc judicieuse, et l’alimentation, une exposition potentiellement modifiable tout au long de la vie, semble être une piste pertinente. Pourtant, cette relation a été peu explorée chez les personnes âgées. L’objectif de cette thèse était d’identifier des déterminants alimentaires et nutritionnels associés à un moindre risque de symptomatologie dépressive (SD) chez des personnes âgées de la cohorte des 3-Cités, une large cohorte prospective populationnelle française de personnes âgées de 65 ans et plus débutée en 1999 avec plus de 18 ans de suivi. Deux approches complémentaires ont été utilisées pour répondre à l’objectif : i) l’étude de profils alimentaires et nutritionnels estimés à partir d’un fréquentiel alimentaire et d’un rappel des 24 heures administrés en 2001, et ii) l’étude de biomarqueurs nutritionnels plasmatiques collectés en 1999. La SD était définie par un score ≥16/60 sur l’échelle de fréquence de symptômes dépressifs Center for Epidemiologic Studies-Depression (CES-D) et/ou par la prise d’un traitement antidépresseur évalués tous les 2 ans jusqu’en 2018. Nous avons tout d’abord exploré l’adhérence au régime méditerranéen à travers le score MEDI-LITE. Nous n’avons pas observé d’association avec le risque de SD, excepté pour une SD résistante au traitement ou non traitée, pour lesquelles une plus forte adhérence était associée à un risque réduit de SD à la limite de la significativité. Nous avons ensuite exploré les profils nutritionnels à l’aide d’une analyse en composantes principales, intégrant 40 nutriments sélectionnés pour leur potentiel effet « antidépresseur » sur la base de la littérature. Nous avons rapporté qu’une plus forte adhérence en un profil nutritionnel « mixte », caractérisé par des apports élevés en magnésium, hydroxybenzaldéhydes, stilbènes, dihydroflavonols, vitamine B6, lignanes, tyrosols, vitamines B9, B3, B5, B1 et proanthocyanidines, était significativement associée à un plus faible risque de SD. Par ailleurs, en s’intéressant plus spécifiquement à des profils d’apports en polyphénols, nous avons également observé qu’une plus forte adhérence en un profil caractérisé par des apports élevés en monomères de flavanols et théaflavines, était significativement associée à un plus faible risque de SD. Finalement, nous avons montré que des niveaux plasmatiques plus élevés des ratios lipidiques de caroténoïdes totaux, xanthophylles totales et de zéaxanthine (combinée avec la lutéine ou isolée), étaient significativement associés à de plus faibles risques de développer une SD. Nos résultats suggèrent un rôle bénéfique d’une alimentation mixte pour prévenir l’incidence d’une SD chez la personne âgée autonome. Après confirmation par d’autres études épidémiologiques prospectives, ces résultats pourraient contribuer à l’élaboration de recommandations nutritionnelles pour prévenir le risque de dépression, qui pourraient être personnalisées en fonction des individus, d’autant plus face à cette maladie qui présente une grande variabilité inter-individuelle. Enfin, ces potentielles combinaisons de nutriments protecteurs offrent de nouvelles pistes de formulations nutritionnelles, dont l’efficacité nécessiterait d’être testée cliniquement.