Thèse soutenue

De la monophonie à la polyphonie : variations du modèle portugais dans quelques romans épistolaires français du XVIIIe siècle

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Auteur / Autrice : Yuqin Gong
Direction : Catherine Ramond
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littératures française, francophone et comparée
Date : Soutenance le 16/01/2024
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Plurielles (Pessac, Gironde ; 2022-....)
Jury : Président / Présidente : Marc Hersant
Examinateurs / Examinatrices : Catherine Ramond, Caroline Jacot Grapa, Régine Jomand-Baudry, Aurélia Gaillard
Rapporteurs / Rapporteuses : Caroline Jacot Grapa, Régine Jomand-Baudry

Résumé

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Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le roman épistolaire est apparu, s’est développé et a évolué avec stabilité et continuité en France. Il s’agit d’un processus du roman épistolaire monophonique vers le roman polyphonique. À propos de cette transition, il y a quatre livres qui comptent beaucoup : les Lettres portugaises de Guilleragues, les Lettres de la Marquise de M*** au Comte de R*** de Crébillon, les Lettres d’une Péruvienne de Françoise de Graffigny et Les Liaisons dangereuses de Laclos. En nous appuyant sur ces quatre œuvres, nous comptons étudier ce genre romanesque, sa transition et ses formes et explorer sa nature inhérente. La publication anonyme des Lettres portugaises a fourni aux milieux littéraires français un nouveau genre, le roman épistolaire. Ces cinq lettres ont grandement influé sur les romans épistolaires ultérieurs. En effet, ce roman qui représente le roman épistolaire à une seule voix tragique sans réponse semble retentir dans tous les romans épistolaires suivants, en nous laissant une impression d’introspection. Dans les Lettres de la Marquise de M*** au Comte de R***, l’héroïne relate le développement, l’évolution et la fin de son amour pour son amant, le comte de R***. L’auteur nous a privé de lettres de ce dernier, il a ainsi hérité de son prédécesseur, a développé le roman épistolaire monophonique de la Portugaise et a frayé le chemin au roman épistolaire polyphonique avec les voix intercalées dans les lettres de l’épistolière. Les Lettres d’une Péruvienne nous font voir une Péruvienne nouer les quipos ou écrire les lettres à son amant Aza, puis, après avoir été trahie par lui, échanger des lettres avec son ami Déterville dans la retraite. Ce roman qui combine la monodie de la Portugaise avec la monophonie de la marquise de M***, figure le croisement des deux formes, car les deux correspondances :·correspondance de Zilia avec son amant Aza et correspondance de Zilia avec son ami Déterville, l’inclusion d’un billet de Déterville et l’ajout des voix des autres personnages rapprochent ce roman monophonique du roman épistolaire polyphonique. Les Liaisons dangereuses, que Laurent Versini a qualifié de « roman le plus intelligent », multiplie les épistoliers et explore ce genre littéraire à sa perfection. L’auteur a tissé un réseau de relation complexe et étroite entre les lettres. De la monophonie à la polyphonie, le roman épistolaire nous a montré clairement cette tendance dans ces quatre romans. En gardant la tradition des Lettres portugaises, ce genre sait faire parler les autres héros et complexifier les intrigues. Cependant, limité par sa nature inhérente, il a cédé sa place au roman à la troisième personne au XIXe siècle