Thèse soutenue

Les réservoirs cachés de trypanosomes chez les hôtes vertébrés ˸ implication dans l'interruption de la transmission des trypanosomes dans les foyers de la maladie du sommeil de Campo et Bipindi au Cameroun

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Auteur / Autrice : Melaine Eugenie Magang kemta
Direction : Jean-Mathieu BartGustave SimoVictor Kuete
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Génétique et génomique, Biochimie clinique
Date : Soutenance le 15/03/2024
Etablissement(s) : Institut Agro en cotutelle avec Université de Dschang
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale GAIA Biodiversité, agriculture, alimentation, environnement, terre, eau (Montpellier ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : UMR Intertryp (Montpellier)
École d'inscription : L'Institut Agro Montpellier (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Florence Fournet
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Mathieu Bart, Gustave Simo, Victor Kuete, Florence Fournet, Céline Nkenfou, Armelle Mbaveng tsafack, Sophie Thevenon, Brice Rotureau
Rapporteurs / Rapporteuses : Florence Fournet, Céline Nkenfou

Résumé

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Bien que l'élimination de la trypanosomiase humaine africaine (THA) en tant que problème de santé publique puisse être considérée comme atteinte dans certains foyers, l'interruption de sa transmission en 2030 demeure un défi en raison de la présence de réservoirs cachés de trypanosomes à l'instar du réservoir animal et du réservoir cutané. De plus, pour lutter contre la THA, une lutte antivectorielle (LAV) a été mise en place dans le foyer de THA de Campo dans l'optique de réduire le contact entre la mouche tsétsé et ses hôtes. Cependant, l'effet de cette lutte sur la transmission des trypanosomes dans ce foyer reste inconnu. Notre étude s'inscrit dans une stratégie d'amélioration de la lutte contre les trypanosomiases africaines en générant des données sur les réservoirs cachés de trypanosomes chez les hôtes mammifères des foyers de la THA du Cameroun avant et après la lutte antivectorielle.Lors des prospections médicales menées d'Octobre 2019 à Avril 2022 dans les foyers de Campo et Bipindi, la population a été testée à l'aide du test d'agglutination sur carte pour la trypanosomiase (CATT) sur sang total puis sur plasma dilué. Des tests parasitologiques ont été effectués chez les individus ayant une dilution CATT sur plasma ≥ 1/4. Chez tous les individus présentant une hypertrophie des ganglions lymphatiques, une aspiration a été examinée au microscope. Notre population a été classée comme contrôle, suspects sérologiques et trypanosomés. Chez ces individus, un questionnaire clinique et dermatologique a été conduit puis 5 mL de sang et deux biopsies de peau ont été collectés. En parallèle, 5mL de sang et deux biopsies de peau ont été collectés les animaux domestiques et sauvages de ces localités. En laboratoire, l'ADN a été extrait du sang séché sur papier Whatman et d'une biopsie cutanée suivi de l'identification moléculaire des différentes espèces de trypanosomes. La seconde biopsie a été utilisée pour les analyses immunohistochimiques.Au total 291 animaux ont été échantillonnés avant la lutte antivectorielle dont 275 (94,5%) animaux domestiques et 16 (5,5%) animaux sauvages. La PCR a révélé 137 animaux (47,1%) hébergeant au moins une espèce de trypanosome dans le sang et/ou dans la peau. Des 137 animaux infectés, 90 (65,7%) et 32 (23,4%) hébergeaient des trypanosomes respectivement dans le sang et dans la peau. Quinze (10,9%) animaux présentaient des infections trypanosomiennes dans le sang et dans la peau. Des infections à Trypanosoma brucei gambiense (T. b. gambiense) ont été détectées dans le sang de 7,6% (22/291) d'animaux. Des 131 échantillons d'animaux analysés deux années après la LAV, 39 (29,8%) animaux étaient positifs au CATT et 37 (28,2%) hébergeaient au moins une espèce ou sous espèce de trypanosome dans le sang. En comparant les taux d'infection avant et après deux années de LAV, une baisse significative a été observée (X2=19,32 ; P<0,0001).Pour l'étude médicale, 95 personnes dont 5 trypanosomés, 22 suspects sérologiques et 66 contrôles négatifs ont été incluses dans cette étude. Les infections à T. b. gambiense ont été révélées dans le sang et la peau de 8 (8,6%) et 37 (39,8%) personnes respectivement. Les analyses immunohistochimiques ont confirmé la présence de trypanosomes dans le derme de 28 (30,1%) personnes dont 2 trypanosomés, 5 suspects sérologiques et 21 contrôles.Cette étude a mis en évidence la présence T. b. gambiense, parasite pathogène pour l'homme, chez divers taxons animaux et également des trypanosomes dermiques aussi bien chez les humains que les animaux. La lutte antivectorielle s'avère très efficace pour l'interruption de la transmission des trypanosomes dans le foyer de THA de Campo. Les résultats de cette étude suggèrent la nécessité de prendre en considération non seulement les réservoirs animaux et dermiques mais également de poursuivre avec la lutte antivectorielle dans l'élaboration des stratégies de lutte visant l'interruption de la transmission des trypanosomes.