Thèse soutenue

La sous-unité B de la toxine de Shiga pour le développement d’immunothérapies anticancéreuses ciblées

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Auteur / Autrice : Justine Hadjerci
Direction : Ludger Johannes
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aspects moléculaires et cellulaires de la biologie
Date : Soutenance le 22/09/2023
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Signalisations et réseaux intégratifs en biologie (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Unité Chimie et biologie de la cellule (Paris ; 2014-....)
établissement opérateur d'inscription : Institut Curie (Paris ; 1978-....)
Jury : Président / Présidente : Sandrine Sagan
Examinateurs / Examinatrices : Ludger Johannes, Jean-Christophe Cintrat, Nathalie Mignet, Karine Crozat
Rapporteur / Rapporteuse : Jean-Christophe Cintrat, Nathalie Mignet

Résumé

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L'un des défis majeurs rencontrés dans le développement de thérapies moléculaires est l’acheminement du médicament de manière spécifique à sa cible après administration au patient. Ceci est nécessaire pour induire un effet thérapeutique efficace mais aussi pour limiter la toxicité liée à une molécule délivrée au mauvais endroit. Dans le cadre des cancers, les vaccins thérapeutiques sont utilisés pour induire une réponse cytotoxique contre des marqueurs tumoraux spécifiques et ainsi aider l'organisme à combattre la tumeur. Pour cela, des antigènes doivent être délivrés aux cellules présentatrices d'antigène capables d'activer les lymphocytes T naïfs après présentation via le complexe majeur d’histocompatibilité (CMH). En particulier, les cellules dendritiques (DC) sont capables d’induire les lymphocytes T CD8+ cytotoxiques par le processus de présentation croisée lorsque les antigènes sont transloqués dans leur cytosol. La sous-unité B de la toxine Shiga (STxB) est exploitée depuis de nombreuses années par mon équipe hôte comme outil de délivrance d'antigènes au cytosol des DC. Cette protéine non toxique cible spécifiquement le glycolipide Gb3 qui est exprimé à la surface des DC. STxB présente la capacité de s’échapper de l’endosome pour atteindre le cytosol. La vectorisation des antigènes par STxB recombinante a déjà prouvé son efficacité à induire des réponses immunitaires plus fortes par rapport à l'antigène non vectorisé par STxB, conduisant à une inhibition de la croissance tumorale chez la souris. Au cours de ma thèse, j’ai travaillé sur le développement de STxB en tant qu’outil de délivrance d’antigènes en utilisant deux stratégies : les vaccinations à base de protéines et à base d'acides nucléiques. D'une part, nous avons mis au point la production d’une STxB synthétique par synthèse chimique linéaire du monomère, suivie du repliement dans la forme homopentamérique. Nous avons pu obtenir une protéine fonctionnelle qui présente des propriétés biophysiques et un trafic rétrograde très similaire à la version recombinante. En collaboration avec l’équipe d’Eric Tartour (INSERM U970), nous avons montré après administration intranasale que la vectorisation d’un antigène par STxB synthétique induit une réponse immunitaire équivalente ou supérieure à celle obtenue par la vectorisation de l’antigène par STxB recombinante. Cette découverte a été validée avec différents peptides antigéniques et protéines entières, dans différents modèles de souris, et associés à divers adjuvants. D'autre part, j'ai exploité la synthèse de STxB pour optimiser sa capacité d'échappement endosomal pour un meilleur ciblage de molécules thérapeutiques au cytosol des DC. Par la fonctionnalisation de STxB avec des groupements hydrophobes, j'ai pu doubler son efficacité de translocation membranaire. Enfin, j'ai développé des vaccins ARNm codant pour des protéines de fusion STxB-antigène. En utilisant en collaboration avec l’équipe de Chantal Pichon (CNRS UPR 4301) une encapsulation à base de nanoparticules lipidiques, nous avons pu obtenir des réponses immunitaires cellulaires et humorales encourageantes après une administration intramusculaire de STxB fusionnée à un antigène modèle, l’ovalbumine. Dans le modèle EG7-OVA, nous avons montré que la croissance tumorale était considérablement diminuée après vaccination avec l'ARNm codant la fusion génétique STxB-OVA par rapport à la vaccination avec l'ARNm codant pour l'antigène seul. A travers ces différentes études, nous avons confirmé le grand intérêt de STxB en tant qu'outil de ciblage pour le développement de vaccins thérapeutiques contre le cancer ainsi que de vaccins prophylactiques contre les maladies infectieuses.