Thèse soutenue

Etude multi-échelle de la morphogenèse de l'embryon préimplantatoire

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Auteur / Autrice : Markus Schliffka
Direction : Jean-Léon Maître
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie cellulaire et développement
Date : Soutenance le 12/06/2023
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Complexité du vivant (Paris ; 2009-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Génétique et biologie du développement (Paris ; 2009-....)
établissement opérateur d'inscription : Institut Curie (Paris ; 1978-....)
Jury : Président / Présidente : Marie-Emilie Terret
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Léon Maître, Guillaume Charras, Carien Niessen
Rapporteur / Rapporteuse : Guillaume Charras, Carien Niessen

Résumé

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Au cours du développement embryonnaire, les animaux suivent une séquence complexe de changements de forme provoqués par des forces issues de la contractilé cellulaire, générées par le cytosquelette de l’actomyosine. Chez l’embryon de mammifère, la morphogenèse débute dès la phase préimplantatoire, qui commence par la fécondation et aboutit à la formation du blastocyste, la structure qui s’implante dans l’utérus maternel. Ainsi, l’embryon préimplantatoire suit une série de mouvements morphogénétiques contrôlés par la contractilité qui aboutissent avec la formation du premier lumen au sein du blastocyste.Nous avons mené la première étude examinant l’effet de la perte complète de contractilité sur le développement préimplantatoire. Nous avons généré les mutants maternels-zygotiques simples et double des gènes Myh9 et Myh10, codants pour les chaînes lourdes de la myosine non musculaire de type II, ce qui nous a permis d’étudier la contribution relative de ces deux paralogues dans la génération de la contractilité cellulaire. Nous avons constaté que Myh9 est le principal contributeur dans ce processus, car sa perte entraîne un retard du cycle cellulaire, une réduction du nombre de cellules, de la compaction et de la différenciation. La perte de Myh10 n’a pas d’impact fort par rapport aux embryons de type sauvage. Néanmoins, un phénotype plus sévère a pu être observé chez les embryons double mutants dont la cytocinèse échoue dans la plupart des cas, suggérant une compensation par Myh10 dans les mutants Myh9. Malgré le manque de cellules, la différenciation et la formation du lumen se poursuivent dans les double mutants. Dans les cas les plus extrêmes, des embryons composés d’une seule et unique cellule accumulent du fluide dans des compartiments intracellulaires, ce qui indique que le programme préimplantatoire est exécuté indépendamment du nombre de cellules.Dans les embryons sauvages, le blastocyste se forme suivant un processus de fracturation hydraulique produisant un réseau de microlumens qui murit en un lumen unique entourée de plusieurs cellules. Bien que le mécanisme global de ce processus soit compris, on ne sait toujours pas comment les cellules régulent localement la dynamique des microlumens. Ici, nous décrivons des blebs inversés aux contacts entre cellules. Les blebs inversés sont des invaginations membranaires de courte durée qui gonflent dans le cytoplasme avant d’être repoussées par la contractilité cellulaire. Les blebs inversés se forment à la suite de l’augmentation globale de la pression du fluide intercellulaire et du confinement local du fluide par l’adhésion cellulaire. Nous proposons que les blebs inversés agissent comme des pompes hydrauliques pour diriger le fluide au sein du réseau de microlumens, promouvant ainsi son murissement.Ces résultats approfondissent notre compréhension moléculaire, cellulaire et biophysique de la façon dont la contractilité cellulaire façonne l’embryon de mammifère