Thèse soutenue

Santé sexuelle des adolescents vivant avec une malade chronique en France : une approche mixte

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Auteur / Autrice : Nour Ibrahim
Direction : Alexandra Rouquette, Josiane Warszawski
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Epidémiologie
Date : Soutenance le 18/12/2023
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Santé Publique (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (Villejuif, Val-de-Marne ; 2010-....) - Centre de Recherche en épidémiologie et Santé des populations
Référent : Université Paris-Saclay. Faculté de médecine (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2020-....)
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Santé publique (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Chantal Mouton Stheneur
Examinateurs / Examinatrices : Chantal Mouton Stheneur, Emmanuelle Godeau, Ralph Epaud, Aurélie Bourmaud, Pierre Delobel
Rapporteur / Rapporteuse : Emmanuelle Godeau, Ralph Epaud

Résumé

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L’objectif de cette thèse était d’améliorer l’état des connaissances au sujet de la santé sexuelle chez les adolescents porteurs de maladies chroniques (MC), avec un focus sur celle des adolescents infectés par le VIH par voie périnatale (VIHP). Il s’agit d’une recherche par méthodes mixtes, avec une composante principalement quantitative et une phase d’intégration au moment de l’interprétation des résultats. Dans la première étude, nous avons étudié le rôle du bien-être subjectif dans les comportements sexuels à risque (CSR) des adolescents porteurs de MC, en utilisant une approche non catégorielle des MC. Les données provenaient de l’enquête multicentrique française « Portraits d’adolescents » réalisée en 2013 sur un échantillon de 15 277 adolescents scolarisés et âgés de 11 à 23 ans. Les résultats étaient différents selon le genre. La MC était associée aux CSR chez les garçons (OR 1,52 [1,10-2,27]) et de façon moins nette chez les filles (OR 1,30 [0,97-1,76]). Cette association était modifiée après ajustement sur le bien-être subjectif chez les filles (ORa 1,08 [0,78-1,49]) et pas chez les garçons (ORa 1,62 [1,11-2,38]). La deuxième et troisième études abordaient la santé sexuelle d’adolescents porteurs de l’infection périnatale par le VIH (VIHP). Dans la deuxième partie, nous avons comparé les prévalences d’indicateurs de santé sexuelle chez les jeunes adultes VIHP à celles de leurs pairs en population générale. Nous avons utilisé les données à l’inclusion de la cohorte multicentrique ANRS CO19-COVERTE et celle des enquêtes transversales du Baromètre Santé de 2010 et 2016 de Santé Publique France. Au premier rapport sexuel, les jeunes adultes VIHP semblaient plus inquiets de prévenir la transmission du VIH à leur partenaire que de se protéger d’un risque d’une grossesse non désirée. Les jeunes femmes VIHP étaient moins en position de négocier les termes de la relation sexuelle que leurs pairs séronégatives. La divulgation du statut VIH au partenaire avait un impact positif sur leurs relations amoureuses et leur satisfaction de la vie sexuelle. Dans la troisième partie, la sexualité des jeunes adultes VIHP était explorée avec une méthode qualitative, 6 ans après le slogan « U=U » (Undectectable=Unstransmittable). Les participants étaient recrutés à l’Hôpital Hôtel Dieu à Paris. Les verbatim des entretiens semi-dirigés individuels étaient analysés avec une méthode sémio-pragmatique, d’inspiration phénoménologique. Vingt-cinq entretiens ont été réalisés. Certains participants renonçaient à toute mise en couple. D’autres étaient en couple sans divulgation et rapportaient une charge mentale pour maintenir le secret. Ceux qui divulguaient rapportaient que cela complexifiait le processus de mise en couple. A l’inverse des garçons qui divulguaient leur séropositivité à leur partenaire amoureux, les filles ne l’envisageaient pas en dehors du cadre du mariage. Plusieurs participants relataient une nécessité de s’éduquer par soi-même à la sexualité. Malgré leur connaissance du slogan U=U, les participants demeuraient préoccupés de transmettre le VIH au partenaire sexuel. Cela avait un effet négatif sur leur satisfaction de la vie sexuelle. L’intégration a permis de construire trois résultats. Premièrement, la santé sexuelle des adolescents porteurs de MC n’échappe pas aux inégalités de genre. Les garçons avec MC expérimentaient davantage des conduites sexuelles à risque et les filles avec MC rapportaient davantage d’évènements négatifs liés à leur sexualité. Deuxièmement, la stigmatisation de la MC a un effet négatif sur la santé sexuelle des adolescents. Par rapport à leurs pairs sans MC, ils se protégeaient moins du risque de grossesse non désirée et du risque de contracter une infection sexuellement transmissible. La problématique de la divulgation avait un effet négatif sur leurs relations amoureuses. Troisièmement, favoriser l’empowerment des adolescents porteurs de MC est un levier pour promouvoir leur santé sexuelle.