Coût et accessibilité des nouvelles stratégies thérapeutiques guidées par la biologie moléculaire en cancérologie
Auteur / Autrice : | Arnaud Bayle |
Direction : | Julia Bonastre, Benjamin Besse |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Economie de la santé |
Date : | Soutenance le 28/11/2023 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Santé Publique (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2015-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (Villejuif, Val-de-Marne ; 2010-....) - Centre de Recherche en épidémiologie et Santé des populations |
Référent : Université Paris-Saclay. Faculté de médecine (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2020-....) | |
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Santé publique (2020-….) | |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Yves Blay |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Yves Blay, Christine Binquet, Isabelle Durand-Zaleski, Yves Allory, Julien Mazières | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Christine Binquet, Isabelle Durand-Zaleski |
Résumé
Dans le cadre de la médecine de précision en cancérologie, l'émergence de nouvelles stratégies thérapeutiques guidées par des techniques de biologie moléculaire innovantes représente une avancée majeure dans la prise en charge des patients. Cependant ces nouvelles stratégies soulèvent des questions importantes concernant leur accessibilité et leur coût, notamment en raison de barrières financières ou organisationnelles. Dans notre 1er travail, nous avons mené une étude dans 48 pays en Europe visant à fournir une vue d'ensemble complète de la disponibilité et de l'accessibilité des technologies biomoléculaires pour les patients. Nous avons montré qu’il existe des disparités en Europe en matière d'accès aux technologies biomoléculaires, ce qui a pour conséquence également de limiter l'accès des patients aux médicaments ciblés. Même dans les pays à revenu élevé, les grands panels NGS (Next- Generation Sequencing) restent largement indisponibles en routine et sont limités aux essais cliniques ou à des projets de recherche, empêchant ainsi la recherche de biomarqueurs supplémentaires dans la pratique quotidienne, même si des thérapies ciblées sont disponibles. Dans notre 2ème travail, nous avons réalisé un travail plus ciblé sur le cancer du poumon en France afin de mieux comprendre les disparités d’accès potentielles au sein d’une indication à l’échelle d’un pays. Les biomarqueurs validés, tels que EGFR, ALK, ROS1 et PD-L1, sont systématiquement recherchés en routine dans la majorité des cas même si les techniques utilisées diffèrent. Au contraire, les biomarqueurs plus récents ou nécessitant des techniques plus complexes, sont recherchés moins systématiquement avec des variations en fonction du type d’établissement. L’utilisation de la biopsie liquide n'est pas encore généralisée selon nos résultats et le recours au Plan France Médecine Génomique 2025, reste encore très limité avec des obstacles organisationnels à lever pour en améliorer l’accessibilité. Enfin dans notre 3ème travail, nous avons cherché à évaluer précisément les coûts de production de ces techniques avec une 1ère application dans le cadre du Whole Exome Sequencing (WES) en oncologie dans le contexte français à Gustave Roussy. Il s'agit de la première étude fournissant des estimations de coûts dans le temps sur la même plateforme et dans le même contexte, démontrant la preuve d'une diminution substantielle des coûts de 1 921 € par échantillon en 2015 à 804 € en 2018. A partir de cette étude et d’une revue de la littérature, nous nous sommes ensuite interrogés plus largement sur les méthodes adaptées pour l’évaluation du coût de ces techniques afin d’identifier les facteurs de variabilité entre les études, tels que la temporalité, les méthodes d'évaluation des coûts, le choix des étapes de production observées et leur transposabilité. Ce travail nous a permis de tirer des enseignements et d’émettre des recommandations pour produire des estimations robustes du coût de ces techniques. En conclusion, malgré la diminution des coûts du séquençage, il demeure des inégalités d’accès en France et en Europe et de nombreux défis existent encore, notamment organisationnels et financiers, pour l’implémentation de la médecine de précision en routine clinique.