Composition, origine et évolution de Ryugu à travers les analyses de MicrOmega/Curation
Auteur / Autrice : | Tania Le Pivert-Jolivet |
Direction : | Rosario Brunetto, Cédric Pilorget |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Astronomie et Astrophysique |
Date : | Soutenance le 19/12/2023 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Astronomie et astrophysique d'Île-de-France (Meudon, Hauts-de-Seine ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut d'astrophysique spatiale (Orsay, Essonne ; 1990-....) |
Référent : Faculté des sciences d'Orsay | |
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Physique (2020-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Mathieu Roskosz |
Examinateurs / Examinatrices : Marco Delbo, Frédéric Moynier, Sonia Fornasier, Lydie Bonal | |
Rapporteur / Rapporteuse : Marco Delbo, Frédéric Moynier |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Les astéroïdes primitifs sont des petits corps qui ont relativement peu évolué depuis leur formation. Ils nous renseignent sur la composition chimique du système solaire primitif et son évolution jusqu’à aujourd’hui. Avant les années 2020, les seuls potentiels analogues de ces objets dont nous disposions pour des analyses en laboratoire étaient les chondrites carbonées (CCs). Mais le lien entre les CCs et leurs corps parents astéroïdaux n'est pas encore clair, et la composition primitive des CCs est partiellement altérée par l’interaction avec l’atmosphère terrestre. C’est pourquoi dans les années 2010, deux missions spatiales ont observé et collecté des échantillons de la surface d’astéroïdes primitifs : ils représentent la première analyse en laboratoire de fragments représentatifs de leur corps parents. L’astéroïde géocroiseur de type C, (162173) Ryugu, a été la cible de la mission Hayabusa2 (JAXA). La sonde a réalisé deux collectes, prélevant des échantillons de la surface et de la sous-surface excavée par un impacteur artificiel. En décembre 2020, la capsule scellée contenant 5.4 g d’échantillons est revenue sur Terre et a été ouverte dans la Curation Facility (Sagamihara, Japon), un complexe contenant un ensemble d’enceintes propres pour réaliser une première analyse des grains, sans les exposer à l’atmosphère et en préservant leur intégrité. L’objectif de ma thèse a été de caractériser la composition des grains de Ryugu pour retracer l’évolution de la matière primitive à différentes étapes de l’histoire du système solaire. Pour cela, j’ai analysé les données acquises par MicrOmega, un imageur hyperspectral proche infrarouge (0.99 – 3.65 μm) installé dans la Curation Facility. MicrOmega permet une analyse de la composition minérale et organique des grains de manière non invasive. J’ai étudié la bande d’absorption à 2.7 μm, caractéristique de la vibration du groupe -OH dans les phyllosilicates des grains. J’ai réalisé une étude statistique sur les variations de position et de profondeur de la bande entre plusieurs centaines de grains millimétriques, qui témoignent une variation de composition des phyllosilicates. Cette analyse suggère qu’une partie des grains du site de collecte de surface ont été exposés à l’altération spatiale, un processus affectant la composition et la microstructure de la surface des corps sans atmosphères. À l’inverse, la totalité des grains provenant de la sous-surface ont subi une très faible exposition à l’environnement spatial. Cette étude montre aussi que les échantillons de Ryugu sont très appauvris en eau (H₂O) par rapport aux chondrites CI malgré leur minéralogie proche, et suggère qu’une partie importante de l’eau des CI pourrait être d’origine terrestre. J’ai ensuite étudié les variations de la forme et de la position de la bande à 2.7 μm à la surface des grains. J’ai montré que l'hétérogénéité spectrale de la surface varie d'un grain à l'autre. Cette variation d'hétérogénéité pourrait être liée à des variations du degré d'altération aqueuse et/ou du degré d'altération spatiale sur des surfaces avec différentes rugosités. Cette étude montre le potentiel de l’imagerie hyperspectrale infrarouge pour détecter des variations dans le contenu en eau entre différents grains, sans biais par l’atmosphère terrestre. Ces travaux apportent une meilleure compréhension de l’évolution physique et chimique de la surface et de la sous-surface proche des astéroïdes primitifs. Ils apportent aussi de nouveaux éléments sur l’altération terrestre des chondrites carbonées, avec une implication sur la quantité d’eau dans les corps parents astéroïdaux des chondrites CI.