Ingénierie métabolique de cyanobactéries pour la production photosynthétique de terpènes
Auteur / Autrice : | Marine Vincent |
Direction : | Franck Chauvat |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biotechnologies |
Date : | Soutenance le 19/12/2023 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Structure et dynamique des systèmes vivants (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de biologie intégrative de la cellule (Gif-Sur-Yvette, Essonne ; 2015-....) |
Référent : Faculté des sciences d'Orsay | |
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Life Sciences and Health (2020-….) | |
Jury : | Président / Présidente : Benoît Alunni |
Examinateurs / Examinatrices : Amel Latifi, Yonghua Li-Beisson, Pierre Crozet | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Amel Latifi, Yonghua Li-Beisson |
Mots clés
Résumé
Les cyanobactéries peuvent produire des composés d'intérêt industriel, à partir de l'énergie solaire, d'eau (même polluée) et de CO₂. Au laboratoire on s'intéresse aux terpènes car ils sont volatiles (faciles à récolter), dotés d'odeurs agréables (''intérêt cosmétique'') et d'une forte densité énergétique (''intérêt biocarburant'').Notre approche met à profit la diversité physiologique des cyanobactéries et la diversité chimique des terpènes dans l'objectif futur de générer des productions économiquement viables. Ainsi, j'ai travaillé avec deux cyanobactéries modèles différentes, Synechocystis PCC 6803 (S.6803) et Synechococcus PCC 7002 (S.7002), qui sont capables de croître dans des eaux salées (plus abondantes que l'eau douce). Nous avons construit des souches productrices de terpènes génétiquement stables. Nous avons montré, pour la première fois, que S.6803 peut produire du farnésène, et aussi du santalène (jamais produit par une cyanobactérie auparavant (Blanc-Garin et al., 2022), et que S.7002 peut produire du farnésène (Chenebault et al., 2023). Chez ces deux cyanobactéries, la production de terpènes augmente parallèlement à l'expression des gènes (ts) codant pour les terpènes synthases (Blanc-Garin et al., 2022 ; Chenebault et al., 2023). Les productions de terpènes chez S.6803 cultivée en nitrate (la source d'azote classique) ou en urée (moins coûteuse) sont équivalentes. Par contre chez S.7002, la production de terpènes est meilleure avec l'urée (Blanc-Garin et al., 2022 ; Chenebault et al., 2023).Comme S.6803 produit mieux le farnésène que les autres terpènes (et mieux que S.7002), et que S.7002 produit mieux le limonène que S.6803 (Chenebault et al., 2023), nous avons travaillé à améliorer ces producteurs. J'ai analysé l'influence de la fixation, distribution et/ou stockage de carbone sur la production de terpènes. La surexpression des gènes codant pour la RuBisCO et la phosphoribulokinase a augmenté la production du farnésène chez S.6803, mais pas du limonène chez S.7002 (manuscrit en préparation). Par contre, la production de farnésène chez S.6803 n'augmente pas lorsque l'on tente d'économiser le carbone, en interrompant la synthèse de polyhydroxybutyrates ou en interférant avec la synthèse des caroténoïdes. En partie conformément à notre attente, j'ai montré que la surexpression chez S.7002 du gène crtE de S.6803 (crtE₆₈₀₃), mais pas de crtE₇₀₀₂, augmente la production de farnésène (manuscrit en préparation). Par contre, chez S.6803 la surexpression de crtE₆₈₀₃ ou de crtE₇₀₀₂ n'augmente pas la production de farnésène ni de limonène. L'ensemble de ces résultats valide l'intérêt de prendre en compte la diversité biologique des cyanobactéries, et chimique des terpènes, pour générer, à terme, de bons producteurs.Pour éviter que les cyanobactéries génétiquement modifiées (OGM) s'échappent de leurs bioréacteurs, nous avons vérifié chez S.6803 que la délétion des gènes ccmK3 et ccmK4 impliquées dans l'assemblage du carboxysome, génère des souches incapables de pousser en condition de faible teneur en CO₂ qui règne dans les milieux naturels. Ces mutants ∆ccmK3-ccmK4 conservent la capacité à produire le limonène (production faible donc peu ''gourmande'' » en CO₂). Par contre, ils produisent le farnésène moins efficacement que la souche sauvage (manuscrit en préparation).Enfin, dans l'objectif à terme de produire des terpènes sans utiliser de nitrate ou d'urée, j'ai travaillé avec deux cyanobactéries capables d'utiliser le N₂ atmosphérique : Cyanothece PCC 7822 (C.7822) et Gloeothece PCC 6909 (G.6909). J'ai établi un protocole de conjugaison efficace pour G.6909 qui m'a permis d'introduire nos plasmides producteurs de terpènes (les productions sont faibles). Par contre, C.7822 s'est révélée réfractaire à la conjugaison.