Thèse soutenue

Application de l’intelligence artificielle au développement de nouvelles méthodes de calcul de doses à distance pour l’optimisation des traitements par radiothérapie et radio-immunothérapie en cancérologie

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Auteur / Autrice : Nathan Benzazon
Direction : Charlotte RobertIbrahima Diallo
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du Cancer
Date : Soutenance le 17/10/2023
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cancérologie : biologie-médecine-santé (Villejuif, Val-de-Marne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Radiothérapie moléculaire et innovation thérapeutique (Villejuif, Val-de-Marne ; 2011-....) - Radiothérapie Moléculaire et Innovation Thérapeutique
Référent : Université Paris-Saclay. Faculté de médecine (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2020-....)
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Life Sciences and Health (2020-….)
Jury : Président / Présidente : Vincent Lepetit
Examinateurs / Examinatrices : Vincent Lepetit, Lorenzo Brualla, Christelle Huet, Geoffrey Daniel
Rapporteurs / Rapporteuses : Vincent Lepetit, Lorenzo Brualla

Résumé

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Les doses déposées en dehors du champ d'irradiation, inévitable constat pour tout traitement de radiothérapie externe, semblent favoriser le développement de seconds cancers et de toxicités hématologiques, telles que la lymphopénie radio-induite. Comprendre les facteurs pronostiques de ces effets iatrogènes est essentiel pour envisager une prise en charge plus personnalisée du patient. Cela prend une importance encore accrue à présent que l'association de l'immunothérapie et des traitements de radiothérapie se profile comme une voie très prometteuse pour certaines pathologies cancéreuses. Le travail présenté dans cette thèse a pour objectif la création d'un outil permettant le calcul des doses à distance de façon systématique pour tous les patients pris en charge pour un traitement de radiothérapie externe.Initialement dans l'étude bibliographique, nous avons identifié que les principales méthodes développées pour l'estimation de la dose à distance - les simulations Monte Carlo et les méthodes analytiques - sont incompatibles avec les exigences d'une application en routine clinique, étant soit trop exigeantes en ressources de calcul, soit confinées à des configurations spécifiques de traitement.Nous avons donc entrepris le développement d'une méthode d'estimation de la dose à distance rapide par apprentissage profond utilisant uniquement des données facilement et systématiquement accessibles en radiothérapie. Nous avons développé une architecture de pré-traitement des données et utilisé un réseau de neurones 3D U-Net sous apprentissage supervisé pour démontrer la faisabilité d'une telle approche. Dans notre algorithme, seuls la carte de dose dans le champ et le masque binaire du corps entier du patient sont nécessaires pour étendre la dose aux zones hors-champ. La base de données pédiatrique FCCSS, constituée de 3204 cartes de dose corps entier obtenues par méthode analytique, a été utilisée pour l'entraînement et l'évaluation des performances du modèle. La disponibilité aisée des données nécessaires pour l'estimation de la dose à distance, couplée à un temps d'inférence moyen de 2,6 secondes ainsi qu'à une bonne capacité à prédire la dose aussi bien sur des configurations inconnues que connues (RMSD moyen obtenu de 0,39 ± 0,25 cGy/Gy), certes réduite pour les configurations de traitement les plus atypiques, démontrent la pertinence de cette approche pour l'estimation de la dose au corps entier en routine clinique.Finalement, nous avons mis en place un montage expérimental permettant la réalisation de mesures de doses à distance, en vue d'une comparaison avec les prédictions du réseau de neurones. Pour ce faire, un étalonnage de dosimètres radiophotoluminescents a été réalisé, au cours duquel nous avons étudié l'homogénéité de réponse en termes de bruit de fond et de signal, le passage du signal mesuré à une dose absorbée, la dépendance énergétique et au débit de dose, et la linéarité de la réponse avec la dose. Nous en avons déduit les coefficients de correction appropriés. Ensuite, nous avons réalisé 10 irradiations, lors desquelles des RPL ont été placés dans un fantôme anthropomorphique. Des fractions de plans de traitements cliniques ont été délivrées sur le fantôme, en parallèle de l'estimation de la dose à distance par notre modèle. Un RMSD moyen de 0,94 ± 0,22 cGy/Gy en bonne cohérence avec la littérature et les résultats précédemment obtenus par le réseau, suggère que l'algorithme pourrait être à terme généralisé à des accélérateurs et des traitements modernes, notamment à modulation d'intensité, encourageant cette approche inédite. Les mêmes limites ont également été observées, principalement une difficulté pour l'algorithme à prédire les très faibles doses loin du champ. L'application de notre solution sur des grandes cohortes de patients, ainsi que son utilisation prospective en routine clinique, pourrait permettre d'identifier les causes de toxicités radio-induites, afin de les prévenir.