Thèse soutenue

Diversité et mécanismes de l'hyperaccumulation des métaux : rôle du transporteur IRT1 dans l'absorption du nickel chez l'espèce hyperaccumulatrice Noccaea caerulescens

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Auteur / Autrice : Célestine Belloeil
Direction : Sylvain Merlot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie
Date : Soutenance le 14/03/2023
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences du végétal : du gène à l'écosystème (Orsay, Essonne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de biologie intégrative de la cellule (Gif-Sur-Yvette, Essonne ; 2015-....)
Référent : Faculté des sciences d'Orsay
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Biosphera (2020-….)
Jury : Président / Présidente : Stéphane Ravanel
Examinateurs / Examinatrices : Catherine Curie, Nathalie Verbruggen, Hélène Frérot, Sandrine Isnard
Rapporteur / Rapporteuse : Catherine Curie, Nathalie Verbruggen

Résumé

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Certains métaux tels que le fer, le zinc, le manganèse, ou le nickel sont essentiels au développement des plantes, cependant à des concentrations supra-optimales ces éléments deviennent toxiques. Ainsi, l'homéostasie des métaux est finement régulée, en particulier pour les espèces végétales qui ont colonisé les sols métallifères grâce à deux stratégies d'adaptation contrastantes. La plupart de ces plantes tolèrent ce type de conditions édaphiques en empêchant les métaux de s'accumuler dans leurs organes aériens. Dans de rares cas, les plantes métallifères sont capables d'accumuler les métaux dans leurs feuilles et lorsque cette concentration dépasse une valeur seuil spécifique, ces espèces végétales sont appelées « hyperaccumulatrices ». Les mécanismes moléculaires de l'hyperaccumulation des métaux dérivent probablement de modifications de mécanismes de base impliqués dans l'homéostasie générale des métaux. A ce jour, il existe environ 800 espèces hyperaccumulatrices, dont 70 % hyperaccumulent le nickel. Une façon efficace d'en découvrir de nouvelles espèces est de quantifier les métaux de spécimens d'herbier à l'aide d'analyseurs de fluorescence des rayons X. Nous avons utilisé cette technologie afin d'établir le profil élémentaire d'une grande diversité d'espèces de la flore néotropicale, qui était jusqu'à présent sous étudiée. Au total plus de 11 000 spécimens provenant des herbiers de Paris et de Cuba ont été analysés pour leur teneur en nickel, zinc et manganèse. Cela nous a permis d'identifier 30 nouvelles espèces hyperaccumulatrices de nickel à Cuba ainsi que les premières espèces hyperaccumulatrices de manganèse et de zinc d'Amérique du Sud. Bien que les hyperaccumulatrices de nickel représentent la majorité des espèces décrites, ses mécanismes moléculaires sont moins bien connus que ceux de du zinc. Ainsi, dans la seconde partie de ma thèse, nous avons cherché à identifier les mécanismes moléculaires de l'hyperaccumulation du nickel en utilisant l'espèce modèle Noccaea caerulescens. Afin d'identifier les gènes à l'origine du caractère d'hyperaccumulation de nickel chez cette espèce, nous en avons généré le premier assemblage génomique de haute qualité ce qui nous a permis de mener des analyses transcriptomiques comparatives avec l'espèce proche non-accumulatrice Microthlaspi perfoliatum. Ces analyses ont entre autres confirmé l'importance de IREG2 pour la mise en place du caractère d'hyperaccumulation de nickel. Dans un second temps nous avons exploité la diversité intraspécifique de Noccaea caerulescens en comparant les séquences des gènes impliqués dans l'homéostasie métallique entre des accessions hyperaccumulatrices et une accession nommée La Calamine qui n'est pas capable d'accumuler le nickel. Chez cette accession nous avons identifié une mutation créant un codon stop prématuré dans la protéine IRT1, décrit chez Arabidopsis thaliana comme un transporteur d'influx de divers cations divalents dont le nickel. Nous avons montré que IRT1 de La Calamine n'est pas capable d'assurer sa fonction de transport de métaux et que l'expression d'une version fonctionnelle dans les racines de La Calamine augmente l'accumulation de nickel dans les feuilles. Nous avons ainsi conclu que chez Noccaea caerulescens IRT1 semble être la voie principale de l'absorption du nickel dans les racines. L'identification de nouvelles espèces hyperaccumulatrices couplée à une meilleure compréhension des mécanismes moléculaires de l'hyperaccumulation sont importantes pour soutenir le développement de biotechnologies de phytoremédiation qui utilisent les plantes afin d'extraire les métaux du sol, pour les recycler et finalement dépolluer les sols contaminés.