Thèse soutenue

Modélisation du taux de développement d'insectes ravageurs des cultures face au réchauffement climatique : le cas des foreurs de tige du maïs

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Auteur / Autrice : Baptiste Regnier
Direction : François RebaudoJudith Legrand
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Agro-écologie
Date : Soutenance le 13/03/2023
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : référent : AgroParisTech (France ; 2007-....)
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Biosphera (2020-....)
Laboratoire : Évolution, génomes, comportement et écologie (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 2015-....) - AgroParisTech (France ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Nicolas Delpierre
Examinateurs / Examinatrices : Christelle Robinet, Vincent Calcagno, Kévin Tougeron
Rapporteurs / Rapporteuses : Christelle Robinet, Vincent Calcagno

Résumé

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Dans un contexte de déclin de la biodiversité des insectes en lien avec les changements globaux, certains ravageurs des cultures continuent de mettre en péril la sécurité alimentaire à travers le monde. C'est le cas notamment des lépidoptères foreurs de tige du maïs, qui représentent une contrainte importante sur la production de maïs. Il est donc essentiel de contribuer à une meilleure compréhension de l'impact des changements globaux et en particulier du réchauffement climatique sur les populations de foreurs de tige du maïs. Les réponses des ravageurs au réchauffement climatique peuvent se traduire par des réponses contrastées en fonction de l'espèce et du trait étudié. Parmi ces traits, le taux de développement, c'est à dire l'inverse du temps de développement, est de première importance étant donné son étroite dépendance à la température de l'environnement. Le taux de développement quantifie la progression du développement d'un stade donné pour une unité de temps, de sorte que les approches de modélisation mathématique de la relation entre le taux de développement et la température peuvent contribuer à évaluer l'impact du réchauffement climatique sur les populations de ravageurs des cultures. L'objectif de ce travail est d'une part de contribuer à améliorer la caractérisation de la relation entre le taux de développement et la température par des approches de modélisation mathématique, et d'autre part d'évaluer l'impact du réchauffement climatique sur le taux de développement de lépidoptères foreurs de tige du maïs en zones tropicales et tempérées.L'ajustement de modèles de taux de développement en fonction de la température à des données empiriques acquises en élevant des individus à différentes températures est une méthode répandue depuis plusieurs décennies. De nombreuses études de modélisation ont été publiées mais les pratiques de modélisation varient considérablement au sein de la littérature, tant au niveau des modèles mathématiques utilisés que du protocole expérimental ou encore des méthodes statistiques d'estimation des paramètres et de sélection de modèles. En réponse à cette limite, une étude de l'influence du protocole expérimental sur l'ajustement des modèles par une approche de simulation, ainsi qu'une revue de la littérature pour établir des pratiques de modélisation et de sélection de modèles communes et partagées ont été réalisées.Du fait du réchauffement climatique, le temps de développement des insectes ravageurs pourrait être accéléré ou ralenti, avec des impacts à évaluer sur les populations de ravageurs et les cultures associées. Les impacts de différents scénarios de réchauffement climatique sur le temps de développement des foreurs de tige ont été évalués via une approche de modélisation mathématique pour quatre foreurs de tiges de maïs présents dans des régions tempérées ou tropicales. Les résultats montrent que la réponse des insectes diffère selon les espèces et les scénarios. Cette étude prédit des modifications du temps de développement dont l'amplitude et la direction dépendent notamment de la température optimale de développement. Si un temps de développement majoritairement plus court est attendu, les simulations suggèrent un ralentissement voire un arrêt du développement pour les espèces dont la température de l'environnement actuel est proche de leur température optimale de développement. L'intégration de la relation non linéaire du taux de développement à la température permet ainsi d'apporter des informations sur les modifications à venir dans la dynamique temporelle des populations. Nos analyses indiquent ainsi qu'en l'absence de facteurs d'atténuation tels que l'acclimatation, l'adaptation ou la dispersion, le temps de développement des foreurs de tige du maïs sera altéré, avec des conséquences sur leur phénologie, les interactions interspécifiques au sein des agro-écosystèmes, ainsi que sur la culture du maïs et les pratiques de protection associées.