Thèse soutenue

Dynamique Source-to-Sink des paysages éoliens

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Auteur / Autrice : Colin Chanteloube
Direction : Clément Narteau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la terre et de l'environnement
Date : Soutenance le 10/10/2023
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la terre et de l'environnement et physique de l'univers (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : UMR-Institut de physique du globe de Paris (2005-....)
Jury : Président / Présidente : France Lagroix
Examinateurs / Examinatrices : Pascal Dupont, Cécile Robin
Rapporteur / Rapporteuse : Pascal Allemand, Pascal Dupont

Mots clés

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Résumé

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La contribution des processus éoliens à la dynamique des paysages reste encore difficile à estimer sur Terre. Actuellement, il existe encore peu ou pas de bilans de masses éoliens permettant de mesurer l'apport des écoulements atmosphériques à la dynamique des surfaces continentales et à leurs échanges de matière avec l'atmosphère et les océans. Dans cette thèse, nous étudions des zones arides pour lesquelles le vent est reconnu comme un acteur majeur de l'évolution des paysages et du transport sédimentaire. En travaillant de l'échelle des dunes à celle des déserts, nous estimons des budgets sédimentaires éoliens sur différentes échelles de temps en quantifiant, à partir d'images satellitaires, de topographies digitales et de modèles de circulation générale, les taux d'érosion, de transport et de dépôt le long des routes de sédiments engendrées par les vents de surface. Notre approche peut être décrite comme une analyse source-to-sink des paysages et des flux éoliens. Son originalité réside dans la collecte de données indépendantes permettant de caractériser le transport par le vent sur différentes échelles de temps. À court terme (~10 ans), des prédictions de réanalyses météorologiques sont combinées à des lois de transport pour déterminer les flux de sable potentiels au sein des déserts. À moyen terme (~10^4 ans), la variété des motifs dunaires, leur orientation et leur dynamique sont décrites à partir de deux mécanismes de croissance pour estimer les flux de sable sur des structures isolées, au travers des champs de dunes ou en périphérie des mers de sable. À long terme (~10^7 ans), les reconstructions paléotopographiques, l'estimation des volumes sédimentaires associés et des datations permettent non seulement de déterminer les taux d'érosion et de dépôt, mais aussi d'apporter de nouvelles contraintes quantitatives à l'organisation spatiale et l'évolution temporelle des paysages. Développés en contexte endoréique ou côtier, les déserts du Lut en Iran et du Namib en Namibie sont des laboratoires naturels qui présentent de nombreux atouts pour tester notre approche source-to-sink. Des objets géomorphologiques spectaculaires de toutes tailles (de 1 à 100 m de haut), excavés (yardangs) ou déposés (dunes) par le vent, permettent de caractériser les routages éoliens et de réaliser des bilans de masse depuis les zones sources en érosion jusqu'aux zones puits en dépôt. Sur quelques décades à quelques millions d'années, la cohérence des résultats obtenus montre le rôle prépondérant et persistant des processus éoliens. Intégrés à l'échelle de ces deux déserts, les taux d'érosion et de dépôt sont de l'ordre de 10^-4 m an^-1, pour des flux volumiques de l'ordre de 5x10^5 m3 an^-1. Aux échelles de temps géologiques, un déficit de masse au niveau des routages éoliens fermé du Lut (>50%) et ouvert du Namib (~80%) pourrait respectivement rendre compte des émissions de poussière potentiellement déflatée dans l'atmosphère ou du remaniement périodique des dépôts éoliens par le vent et/ou les rivières. Afin de valider quantitativement le formalisme théorique à partir duquel nous estimons l'orientation des dunes et les flux de sable à partir des réanalyses météorologiques, nous avons également mené une campagne de mesures explorant une large gamme de vitesse et d'orientation du vent à la crête de la dune géante du Pilat. En utilisant comme référence des mesures sur lit plat au niveau du banc d'Arguin en amont, nous vérifions quantitativement que le taux d'accélération de la vitesse et la réorientation du vent dépendent de la pente expérimentée par l'écoulement. Indépendamment, une analyse des motifs dunaires superposés démontre que, même sur les pentes d'une dune côtière en climat tempéré, deux mécanismes de croissance coexistent et participent à la dynamique globale des paysages éoliens. Combinées les unes aux autres, ces différentes études se complètent pour mesurer l'impact des processus éoliens sur les surfaces continentales.