Thèse soutenue

Ruptures enlacées : morphogénèse de réseaux dans l'argile

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Auteur / Autrice : Sélène Jeammet
Direction : Stéphane DouadyJulien Derr
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physique
Date : Soutenance le 13/10/2023
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Physique en Île-de-France (Paris ; 2014-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Matière & Systèmes Complexes (Paris ; 2001-....)
Jury : Président / Présidente : Ludovic Pauchard
Examinateurs / Examinatrices : Stéphane Douady, Julien Derr, Ludovic Pauchard, Hervé Henry, Sylvie Lorthois, Claire Lagesse, Olivier Devauchelle, Dominique Peysson
Rapporteur / Rapporteuse : Ludovic Pauchard, Hervé Henry

Résumé

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Certaines argiles ont la propriété de gonfler quand elles sont humidifiées. Quand ces argiles se dessèchent, par évaporation à la surface en contact avec l'air, elles cherchent alors à se rétracter, tandis que plus en profondeur, elles restent humides et gonflées. L'argile à la surface va se déformer, augmentant les contraintes, jusqu'à un seuil de rupture, où des craquelures apparaissent pour relaxer les contraintes accumulées dans le matériau. Ces craquelures se propagent, interagissent, se rencontrent, et finissent par former une structure complexe de réseau spatial à la surface. On reproduit ces structures rencontrées dans les sols en laboratoire, en laissant une couche d'argile mince, initialement humidifiée, se dessécher sur des plaques de verres, en faisant varier les conditions expérimentales (épaisseur, type d'argile, humidité de l'air, température) et en observant les variations de motifs occasionnées. Ce système est peu couteux, et permet d'obtenir des motifs variés dont on peut suivre l'évolution sur des temps raisonnables. Il constitue donc un système pratique pour l'étude de l'apparition de réseaux spatiaux. A la suite d'études de ces structures dans d'autres systèmes, comme les veines des frondes de fougères, les rues dans les villes, les squelettes de coraux, un premier angle de travail consiste en l'analyse de ces structures à l'aide d'indicateurs, dans le but de les caractériser en fonction des paramètres expérimentaux utilisés. Pour se faire, on a utilisé des outils de la théorie des graphes, des mesures géométriques, de façon à distinguer quantitativement les grandes classes de motifs qui apparaissent dans nos expériences. Dans une approche morphogénétique, on propose de comprendre l'apparition de ces motifs par la propagation locale des craquelures. Pour se faire, on construit un modèle phénoménologique du système, basé sur nos observations des expériences, en modélisant les ingrédients minimaux qui composent ce système et lui donnent sa complexité. De ce modèle, on dérive une loi de vitesse pour les craquelures, qui permet de simuler des trajectoires et comportements observés dans les expériences. Par des bifurcations de ces comportements, on peut remonter de l'échelle locale aux motifs globaux, et ainsi comprendre, par l'histoire et les conditions de la croissance, l'émergence des différents types de motifs observés.Ce travail se termine par une ouverture vers les autres systèmes physiques exhibant des structures de réseaux spatiaux en deux dimensions, en adaptant le modèle construit pour les craquelures à ces systèmes. On propose ainsi une classification des réseaux spatiaux en fonction du type de potentiel dans lequel ces réseaux apparaissent, en exhibant notamment la possibilité de transitions entre réseaux réticulés et non-réticulés, traditionnellement perçus comme qualitativement distincts.