Thèse soutenue

Les collections de moulages d'art antique en France et en Italie (années 1870-années 1980) : histoire de l'archéologie et de son enseignement

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Auteur / Autrice : Irene Avola
Direction : Jean-Pierre GuilhembetGiuseppe Lepore
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Architecture, urbanisme, paysage et patrimoine
Date : Soutenance le 13/12/2023
Etablissement(s) : Université Paris Cité en cotutelle avec Università degli studi (Bologne, Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences des sociétés (Paris ; 2019-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Anthropologie et histoire des mondes antiques (Paris ; 2010-....)
Jury : Président / Présidente : Claude Pouzadoux
Examinateurs / Examinatrices : Arianna Esposito
Rapporteur / Rapporteuse : Estelle Bertrand, Simone Rambaldi

Résumé

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Se pencher sur l'histoire des collections des moulages d'art antique, en France et en Italie, signifie retracer un pan de l'histoire de l'archéologie de ces deux pays. Une histoire d'objets, d'acteurs (les professeurs d'université et conservateurs qui ont créé et/ou alimenté les gypsothèques), mais également des progrès de la science archéologique dans l'étude des sculptures gréco-romaines. Le constat de départ est que la création de collections de moulages d'art antique, au tournant des XIXe et XXe siècles, n'est autre qu'un « transfert culturel ». En effet, par l'introduction de la gypsothèque (élément du cabinet archéologique), la France et l'Italie ne font qu'adopter et adapter le modèle allemand d'enseignement de l'archéologie ou, mieux, de l'« archéologie de l'art ». Par conséquent, l'on considère le moulage au même titre qu'un « objet culturel », au sens où il joue le rôle d'instrument didactique, à vocation scientifique, appartenant à la « culture universitaire » allemande. Cet emprunt témoigne de l'émergence de l'archéologie en tant que science et il s'insère dans le cadre plus vaste d'une modification de l'enseignement supérieur et d'une (re)construction de la nation. Cependant, le processus de consolidation de l'État-nation se fonde sur un autre mécanisme culturel engendré par la mondialisation globalisation, à savoir l'« invention de la tradition ». Tels sont les cas notamment du « mythe de la Grèce blanche » ou de celui de la « Romanité » dont les moulages d'antiques deviennent les vecteurs et qui constituent en même temps leurs limites, qui ont été à l'origine même de leur déclin, commencé après la seconde guerre mondiale. En effet, symboles d'une archéologie interprétée exclusivement comme histoire de l'art antique, instruments propres d'une méthode d'étude et de recherche désormais dépassée, les moulages d'art antique ont été relégués dans les caves des universités, voire fait l'objet de vandalisme, ce qui, notamment dans les années 1960, prenait une signification de contestation politique et, plus largement, culturelle. La disparition de l'usage didactique et scientifique de ces collections de moulages a été la cause première de la perte d'intérêt pour leur conservation et leur mise en valeur. Cependant, à partir des années 1980, ces collections ont été « redécouvertes » par les chercheurs, comme l'attestent les premiers colloques qui leur ont été consacrés. Aujourd'hui, les collections de moulages d'antiques en France et en Italie connaissent un regain d'intérêt, qui ne s'est cependant pas traduit par une reprise de leur fonction didactique et scientifique, mais plutôt par une transformation de leurs usages.